Serre la main ou rentre chez toi

Récemment, la municipalité de Lausanne a refusé la nationalité suisse à un couple qui aurait fait preuve d’un « manque d’intégration ». Retour sur cette décision.

Les élu·e·s avancent que les deux candidats à la naturalisation n’ont pas serré la main à des personnes du sexe opposé. Elles auraient également répondu avec réticence aux questions lorsque celles-ci n’étaient pas posées par quelqu’un du même sexe.

Pour justifier sa décision, la municipalité invoque le principe d’égalité homme/femme par l’intermédiaire du syndic socialiste Grégoire Junod. Dans cette logique, ces deux personnes auraient fait preuve d’un comportement sexiste, qui ne saurait être admis dans un État qui a inscrit ce principe dans sa constitution.

Ce raisonnement doit être critiqué car cette lecture du sexisme le réduit à des comportements interindividuels, qui n’ont aucun effet concret en termes d’inégalités. À cette vision moralisatrice, il faut opposer une lecture politique du sexisme, le considérant comme un système de domination.

Par ailleurs, et surtout, le fait de voir du sexisme dans cette manière de se comporter est le produit de visions racistes et islamophobes, qui présument que les personnes musulmanes (ou identifiées comme telles) seraient misogynes par défaut. Il reste à prouver en quoi le refus de serrer la main à quelqu’un serait une attitude essentiellement sexiste.

Surtout, cette décision illustre l’arbitraire des conditions de naturalisation, puisque la décision est laissée au bon vouloir, ou non, d’élu·e·s. À cela, il faut opposer la possibilité pour toutes celles et ceux qui vivent ici d’exercer pleinement leurs droits démocratiques, et donc ne pas conditionner l’octroi de droits politiques au fait de se conformer à une coutume particulière