Tamedia persiste et signe en sanctionnant les grévistes


Rassemblement devant la tour Edipresse, juillet 2018 – François Graf, Strates

L’arrêt de la version papier du Matin et le licenciement de la majorité des salarié·e·s du journal orange a poussé les rédactions romandes à se mettre en grève début juillet. La médiation instaurée par le gouvernement vaudois avait alors mis fin à la grève. Cette procédure a rapidement montré son inutilité lorsque le groupe zurichois l’a quittée arguant sans complexe de la nécessaire séparation entre le «pouvoir politique» et le «pouvoir médiatique». Il préférait alors relancer la négociation d’un plan social sous l’égide de l’office cantonal de conciliation, procédure qui ne l’avait pas empêché de procéder aux licenciements et qui ne l’engage à rien. La procédure est encore en cours.

Mais ce n’était pas suffisant. Dernièrement, certains journalistes ont découvert que Tamedia a ponctionné leur salaire d’août de deux jours. Justification? «Le droit de suspendre le salaire découle du principe qu’un salaire n’est dû qu’en contrepartie d’un travail». Or, Tamedia s’était engagé à ne pas prendre de sanctions contre les grévistes lors de l’ouverture de la médiation. De plus, ces sanctions qui vont de 500 à 800 francs comporteraient une part d’arbitraire. Elles ont été appliquées à des travailleurs·euses en congé au moment de la grève et même à un non-gréviste. La direction dit pourtant avoir choisi les retenues avec beaucoup de soin, en fonction des présences. Ce mépris et cette vision axée sur le profit à court terme ont encore fait des remous au bout du lac, où une partie de la rédaction de la Tribune quitte le navire, le rédacteur en chef ayant été limogé pour défaut d’alignement sur les vues de Tamedia.

Chez Tamedia, comme dans les autres secteurs, la sacro-sainte paix du travail n’est respectée que lorsqu’elle bénéficie au patronat. Face à une direction qui licencie à tour de bras, on peut par la même occasion se demander à quoi servent les 13,4 millions de baisse d’impôt dont le groupe profitera l’an prochain par le volet vaudois de la RIE3, censé «créer de l’emploi» selon la majorité gouvernementale.

Marc Leemann