Un rendez-vous clé pour résister à la démolition sociale

La troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE 3), refusée massivement par le corps électoral suisse en février 2017, vient d’être à nouveau validée par les Chambres, sans changements de fond.

Son objectif est identique: réduire massivement la taxation des bénéfices des grandes sociétés ; ses conséquences aussi: des coupes brutales dans les services publics et les prestations sociales, en particulier aux dépens des femmes, de même que des hausses d’impôts prévisibles pour les salarié·e·s et les retraité·e·s.

Seul le nom de cette purge a changé: la RIE 3 est devenue la Loi fédérale relative à la Réforme fiscale et au financement de l’AVS (RFFA). Cette pilule extrêmement amère a été désormais emballée dans une fine couche de sucre rose, afin que la direction du PSS accepte de la prescrire à la population. C’était le but des milieux dominants. Il a été atteint. Et tant pis si les dirigeant·e·s du PSS font désormais front à presque toute la gauche vivante de ce pays, à commencer par les jeunes (JSS) et les femmes de leurs propres rangs, qu’on a récemment priées de se taire.

En face des milieux patronaux et de la direction du PSS qui leur sert aujourd’hui la soupe, le front des opposant·e·s s’est néanmoins étoffé, en dépit du petit coup de pouce en trompe l’œil donné à l’AVS.

Il comporte les deux premières fédérations syndicales du privé et du public: UNIA et les SSP ; des mouvements féministes ; les organisations d’entraide réunies au sein d’Alliance Sud ; les Verts, poussés notamment par les Jeunes vert·e·s ; la gauche combative, enfin, emmenée largement par solidaritéS en Suisse romande.

La leçon des deux derniers référendums de gauche victorieux contre la politique antisociale du Conseil fédéral – contre RIE 3 et PV 2020 – le premier avec le soutien du PSS, le second contre lui, a sans doute été entendue au-delà des forces rassemblées autour de ces deux batailles.

Aujourd’hui, une fraction de la nébuleuse sociale–démocrate, mais aussi des Verts, sans rompre avec la recherche d’un consensus fondamental avec la droite et les milieux patronaux, souhaite le faire payer un peu plus cher, quitte à opposer parfois une certaine résistance.

De notre côté, nous ne sommes pas opposé·e·s à tout accord d’étape, contrairement à ce qu’affirment souvent nos détracteurs. Mais nous les envisageons comme des moments de trêve dans une confrontation qui se poursuit entre les intérêts opposés du travail et du capital.

Depuis plusieurs décennies, les milieux dominants sont à l’initiative d’une lutte, dont le rythme s’accélère aujourd’hui, pour accaparer une part croissante des richesses produites aux dépens du travail. C’est pourquoi, dire non à RFFA est aujourd’hui un rendez-vous clé pour résister à la démolition sociale.

C’est l’importance et l’urgence de cette lutte que solidaritéS défend en jetant ses forces dans la bataille: nous sommes engagés à récolter 10 000 signatures, parce que ce référendum est indispensable. Mais au-delà, d’ici mai prochain, nous devrons tout faire pour tenter d’infliger un second échec à l’aile marchante du capital contre le travail, ainsi qu’à cette Suisse impérialiste qui alimente l’évasion fiscale planétaire aux dépens des peuples.

Jean Batou