COP24

COP24 : Une alliance douteuse

À la COP 24 à Katowice, le gouvernement polonais vient de soumettre une résolution sur la « transition juste ». […] L’hypocrisie de la démarche ne fait aucun doute.

Climato-sceptique et national-libéral, le président Duda ne vise qu’à manipuler démagogiquement l’inquiétude pour l’emploi des travailleurs·euses et de leurs organisation syndicales. Son but est évident: freiner au maximum les réductions imposées d’émissions de gaz à effet de serre, au profit des patrons des secteurs charbonnier et énergétique (80% de l’électricité polonaise vient du charbon). […]

Or cette « Déclaration de Silésie pour la solidarité et la transition juste » n’est pas une initiative des autorités polonaises mais de la direction de la Confédération Syndicale Internationale (CSI). Sa secrétaire générale, Sharan Burrow, s’en explique dans le document « Demandes prioritaires des syndicats à la COP24 », diffusé par la CSI en novembre. […] Pourquoi la CSI fait-elle ainsi appel au gouvernement polonais, ennemi avéré des travailleurs·euses et de l’environnement, pour défendre son concept de « transition juste »?

Une orientation néolibérale évidente

Pour répondre, il faut rappeler la définition particulière de la « transition juste » adoptée par la CSI lors du congrès de Vancouver en 2010. Ce texte ne se contente pas de dire que les travailleurs·euses ne doivent pas faire les frais de la transition écologique: il plaide pour qu’elle « ne mette pas en danger la compétitivité des entreprises et n’exerce pas de pression excessive sur les budgets des États ». L’orientation néolibérale est évidente. La demande de respect de la compétitivité n’est même pas assortie d’une réserve quant au secteur des énergies fossiles, principal responsable du changement climatique! […]

D’une manière générale, depuis Vancouver, la direction de la CSI s’inscrit dans la perspective mythique d’un « capitalisme vert » censé créer des millions d’emplois verts et décents. Elle collabore avec l’Organisation Internationale des Entreprises dans le cadre de la Green Job Initiative (sous l’égide de l’ONU), dont les rapports expliquent […] que la « transition juste » vers un « développement durable » créera une société harmonieuse où le monde du travail s’épanouira dans le respect de l’égalité des genres. […] Ces documents surréalistes font abstraction de l’impitoyable offensive que les patrons – les verts comme les autres – mènent contre le monde du travail.

La secrétaire générale de la CSI incarne cette politique. Sharan Burrow est membre de la Commission globale sur l’économie et le climat, fondée par Nicholas Stern – un think tank très influent du capitalisme vert. […] Elle a corédigé le rapport final du dernier sommet de Davos. Quelle farce! Et on s’étonne que le syndicalisme soit en crise, que les syndiqué·e·s soient désemparé·e·s? Le monde du travail mérite mieux: un projet écosocialiste luttant à la fois contre la destruction sociale et contre la destruction environnementale.

Daniel Tanuro

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