Votations
Votations : Moins d'État pour plus d'État?
Le 25 novembre, la majorité de la population a voté pour une surveillance accrue de la part de l’État sur les citoyen·ne·s du pays. Un vote révélateur de l’idéologie dominante.
La nette acceptation du projet de loi sur la surveillance des assuré·e·s surprend. Le score fédéral de 64,7% de oui est largement dépassé dans 15 cantons, cinq cantons l’acceptent entre 50% et 60%, et seuls deux la refusent. Les cantons l’acceptant sont aussi ceux dans lesquels les interventions publiques sont régulièrement et largement rejetées, en particulier lorsque celles-ci concernent les assurances et la fiscalité. Comment expliquer le paradoxe d’un libéralisme du social et d’un interventionnisme de l’État dans la sphère privée?
Le facteur de classe se retrouve dans la stigmatisation de certains « délits ». Tous les motifs d’absence au travail sont a priori suspectés, car ils pénalisent les patrons.
Par comparaison, l’évasion et la fraude fiscales à grande échelle sont nettement moins stigmatisées, voire sont admises par des législations complaisantes (les forfaits fiscaux) et l’absence de contrôles. Il existe d’ailleurs des amnisties fiscales qui permettent d’effacer ces délits.
Le thème de la « lutte contre les abus » est apparu avec la crise économique de 1978, prétexte à un contrôle accru des chômeurs·euses, qui ont alors été rendu·e·s responsables de leur situation, passant du rôle de victimes à celui de privilégié·e·s « abusant » des prestations sociales. Par dogmatisme, la discrimination de classe stigmatise ainsi différents secteurs du prolétariat, des chômeurs·euses aux demandeurs·euses d’asile. Seuls les possédants ont des droits. Pas question donc de toucher au secret bancaire considéré comme ressortant de la sphère privée… des capitalistes. Karl Marx notait que « l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante ».
José Sanchez