Grévistes d'Orgapropre

Grévistes d'Orgapropre : La lutte paye

Le secteur du nettoyage à Genève a été marqué par 12 jours de grève et de mobilisations entre le 16 et le 31 janvier. La lutte a révélé des conditions de travail souvent très difficiles.

Souvenons-nous: parce qu’elle a perdu son mandat pour le nettoyage des bureaux de l’Union bancaire privée (UBP), l’entreprise Orgapropre a licencié 37 nettoyeuses fin 2018, sans prévoir le moindre plan social. Une clause contractuelle restrictive et particulièrement injustifiée empêchait les licenciées de reprendre leur poste dans la nouvelle entreprise sélectionnée.

Face au mur, les travailleuses se sont tournées vers le syndicat SIT pour s’organiser. Sur le mandat des employé·e·s réunies en assemblée générale, le SIT a fait de multiples propositions tant à Orgapropre qu’à l’UPB pour trouver une solution. Sans possibilité de négociations, la grève des nettoyeuses a démarré le 16 janvier avec plus d’une quinzaine de grévistes.

Les premiers jours ont été les plus rudes en termes de rapport de force: un petit nombre de grévistes, de nuit, dans la très chic rue du Rhône, dans le froid et la pluie et sous l’œil des patrouilles de police. Dès le 21 janvier, un appel large de soutien a été lancé par le syndicat, et le lendemain les grévistes ont été appuyées par la présence d’une centaine de personnes. Au vu de la configuration des bâtiments d’UBP et leurs multiples entrées, la mise sur pied de six piquets de grève a été nécessaire.

La lutte a payé par un accord avec Orgapropre dont le contenu reste confidentiel. Ce que nous retenons est l’extraordinaire détermination de ces femmes et le soutien extérieur à leur grève, qui les a rendues visibles. Au final, c’est la synergie de ces forces qui a contraint les patrons à entendre les revendications et accepter des négociations.

La victoire des nettoyeuses d’Orgapropre a aussi permis d’exposer un secteur qui se précarise dans l’ombre et dans l’indifférence. Ces travailleuses et travailleurs ne sont pas les employé·e·s des entreprises dans lesquelles elles et ils travaillent. En outre, les nettoyages des bureaux se font de nuit, loin de toute interaction avec les travailleurs·euses en col blanc, et en solitaire, car les nettoyeurs et nettoyeuses sont éparpillées sur plusieurs sites, le tout pour des salaires précaires.

Dans ce contexte, sortir dans la rue avec des banderoles et des tracts, au milieu du luxe de la rue du Rhône, et tenir 12 jours de grève sont la preuve d’un courage immense. La lutte des nettoyeuses nous montre aussi que tout combat a des chances d’aboutir.

La visibilité de ces luttes est essentielle à l’heure de la préparation de la grève féministe du 14 juin 2019. C’est d’ailleurs convaincues de cela que les grévistes d’Orgapropre ont décidé de rejoindre le mouvement de la grève des femmes* tout en renforçant le collectif genevois par leurs expériences du terrain. CJ