Des deux côtés de l'Atlantique, un Agassiz démonétisé

Delia, esclave photographiée par Louis Agassiz

En ville de Neuchâtel, l’Espace Louis Agassiz sera rebaptisé du nom de la défunte conseillère nationale et afro-descendante Tilo Frey. Mais, aux USA, cette affaire connaît un nouvel épisode avec une plainte contre l’Université de Harvard: Tamara Lanier, descendante d’une famille d’esclaves afro-américains, demande à récupérer les photographies de ses ancêtres en possession de cette institution.

Dans les années 1850, pour tenter de « démontrer » la supposée infériorité des noir·e·s, Agassiz avait photographié des esclaves, dont Renty et sa fille Delia, la poitrine dénudée. Retrouvés en 1976, ces daguerréotypes rapportent d’importants revenus à l’Université de Harvard. Il sera intéressant de suivre le procès Lanier versus Harvard. En effet, l’avocat de Tamara Lanier, Ben Crump, défend aussi la cause de Trayvon Martin, jeune Afro-Américain abattu par un Blanc de Floride en 2012.

En Suisse, le Conseil fédéral devrait débaptiser le Pic Agassiz, comme le réclame l’enseignant saint-gallois Hans Fässler. Alors, pour parodier la fin d’une chanson de Jean Villard Gilles, Dollar (1932): « Sous un ciel de cendre ; Vous verrez un soir ; Louis Agassiz descendu ; Du haut d’son perchoir… ».

Hans-Peter Renk

À lire

Amy Goodman & Denis Moynihan, « Harvard’s Tacit Endorsement of Slavery », democracynow.org

Kessava Packiry, « Le lourd héritage laissé par Agassiz à Harvard », Arcinfo, 29.03.2019

Jean-Cosme Delaloye, « Un scientifique romand au cœur d’une plainte contre l’esclavagisme », Le Matin Dimanche, 14.04.2019