Retraites à 62, 64, 65... 67 ans pour tout le monde
Retraites à 62, 64, 65... 67 ans pour tout le monde : LES FEMMES PREMIÈRES CIBLES D'UNE FARCE SINISTRE
Il y a un an, au lendemain de l’acceptation en commission du Conseil des États du deal concernant la RFFA, le vendeur de savonnettes en chef du PSS, Christian Levrat, claironnait que ce marchandage balayait la hausse prévue dans le cadre d’AVS 21 de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Il n’en est rien.
Le budget de la campagne du oui à RFFA était massif
Christian Levrat était plus que fier d’avoir participé à ce marchandage pour le PSS. Questionné sur notre référendum anti-RFFA, il affirmait: « À la place de l’extrême gauche, je me poserais des questions. On a une solution qui empêche l’élévation de l’âge de la retraite des femmes et qui assainit l’AVS en lui versant 2 milliards…». Lyrique, il s’extasiait: « Pour le PS, la question de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est liquidée.»
Tour de passe-passe
Tout cela était du baratin. La machine de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est en route pour finir le sale boulot entamé en 1997, quand l’âge de la retraite des femmes est passé de 62 à 64 ans. Et ce n’est pas le vote du 19 mai sur la RFFA qui l’empêchera. Dès le lendemain dudit vote, certains médias se sont mis au boulot: Tamedia a prétendu via un sondage-maison que 63% des citoyen·ne·s seraient favorables au relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, prônée par le conseiller fédéral PS Alain Berset.
Ada Marra, vice-présidente du PSS, déclarait d’ailleurs dans Le Temps du 21 mai à ce sujet, son ouverture à cette « réforme » faussement « liquidée » en disant: « S’il n’y a pas de compensation réelle […], alors nous n’accepterons pas cette hausse de l’âge de la retraite.» Très proche de ce que dit, dans le même papier, Philippe Nantermod, vice-président PLR, qui déclare: « C’est une mesure qui n’est pas agréable, mais qui est supportable, moyennant […] des compensations.»
Et refus de principe
Pour la galerie, les Jeunes Verts libéraux en rajoutent: 67 ans pour tout le monde disent-ils, les jeunes PLR se contentent de prôner 66 ans, reprenant l’horizon fixé par Couchepin. Pragmatique, l’Union patronale suisse propose ce même 21 mai « d’exclure initialement un relèvement général de l’âge de référence de la retraite » soutenant «un modèle de réforme équilibré […], qui relèvera progressivement l’âge de la retraite en quatre étapes jusqu’à 65/65 ans en 2025.» Bref, on finirait par avoir à remercier les patrons de leur «modération» et se réjouir des prétendues «compensations» qu’obtiendront les femmes pour travailler un an de plus.
La seule réponse, c’est le refus de principe de toute élévation de l’âge de la retraite, l’annonce d’ores et déjà de la bataille référendaire avec les syndicats autour de cet enjeu et le travail à un horizon où toutes et tous pourraient prendre leur pleine retraite à 60 ans pour travailler moins.
Pierre Vanek
RFFA, la victoire des 1%
La RFFA – Réforme de la fiscalité et financement de l’AVS – a été approuvée par 65% des votant·e·s. Le chantage au financement de nos retraites a permis de faire passer des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et à leurs actionnaires au détriment de la majorité de la population.
Fer de lance de la bataille référendaire, solidaritéS continuera le combat pour la justice fiscale. Au lendemain du vote, nous proposions notamment d’imposer en totalité les dividendes dans les cantons.
À l’issue d’une campagne à armes très inégales, droite, PSS et patronat ont imposé un paquet antidémocratique catastrophique pour le 99% de la population. En associant financement transitoire de l’AVS et baisse de l’imposition des grandes entreprises, les milieux dirigeants ont pris les votant·e·s en otage pour obtenir de nouveaux privilèges.
En baissant de près de moitié l’impôt sur le bénéfice des entreprises, RFFA va contribuer à relancer la sous-enchère perverse poussant les pays – et nos cantons – à réduire sans cesse leur fiscalité, sous prétexte de compétitivité. Les comptes publics s’assècheront de plus de 4 milliards par an en Suisse, provoquant des coupes claires dans les services publics et des reports de charge sur les salarié·e·s, les retraité·e·s, les chômeurs·euses et les personnes en formation.
Les femmes seront touchées en premier. Elles comptent parmi les couches les plus précaires, occupant 70% des emplois aux plus bas salaires. Elles compensent trop souvent, par leur travail non rémunéré, la pénurie de service public, notamment dans le secteur des soins ou de l’accueil de l’enfance. Entre coupes dans le social, baisse des prestations et démantèlement des services publics, c’est l’égalité femmes et hommes qu’on met à mal!
Gabriella Lima