Gössi et Rösti vont en voiture électrique
Présidente du PLR et président de l’UDC ont soudainement découvert les joies de la voiture à hydrogène. Une vraie solution de rechange écologique?
Les partis bourgeois multiplient les déclarations portant sur leur vision de la transition énergétique. La nécessité d’un programme écologique libéral suisse ferait-elle suite aux mobilisations massives impulsées par la jeunesse depuis la fin de l’année 2018? On peut en tout cas douter d’une véritable volonté d’établir une société décarbonée.
Dans une interview du 1er juin 2019, Petra Gössi (PLR) et Albert Rösti (UDC) profitaient d’une visite dans une centrale de production d’hydrogène pour vanter les mérites de la voiture électrique. En effet, quel meilleur exemple que la voiture à zéro émission de CO2 pour démontrer la compatibilité entre le système capitaliste et la sauvegarde de l’environnement?
La réalité n’est toutefois pas si simple. Le président de la CLEPA, l’association européenne des équipementiers automobiles, déclarait récemment que, même si l’ensemble du parc automobile européen passait à l’électrique d’un coup de baguette magique, la diminution des émissions globale de CO2 ne serait que de 0,7%. En effet, la consommation de carburant des véhicules individuels ne représente pas une part massive des émissions de gaz à effet de serre. Le coût énergétique et écologique le plus important se trouve dans les infrastructures de production, telles que les mines d’extraction et les usines de montages, le réseau routier et le transport des produits. Or, cet aspect de l’automobile ne serait pas fondamentalement bouleversé par le passage au véhicule électrique, fût-il à hydrogène. Au contraire, toute modification des infrastructures de production et de recyclage aurait également un coût environnemental non négligeable, sans compter que l’électricité n’est pas toujours gage de « propreté »: elle peut, par exemple, provenir de centrales à charbon ou à gaz.
Si, comme le prétendent la libérale-radicale Gössi et l’udéciste Rösti, l’objectif est une véritable diminution des émissions de COâ des véhicules privés, alors la solution rapide et efficace est une diminution massive du parc automobile accompagné d’une baisse du temps de travail et d’un renforcement des transports en commun. Une telle proposition se heurte toutefois à une barrière infranchissable pour les partisan·e·s du capitalisme. En effet, une réduction du marché de la voiture couplé à une baisse du temps de travail représente à la fois une baisse de la production et de la consommation incompatibles avec la logique de croissance continue. Cette issue sera pourtant la seule voie à suivre si nous voulons éviter de subir une crise telle que l’humanité n’en a probablement jamais connu.
Florian Martenot