La réforme AVS21 ou comment les femmes passeront à la caisse
Grève des femmes 2019, Lausanne. Photo: Gustave Deghilage
«On ne lâche rien!» On tient ici sans doute le mot d’ordre le plus fédérateur de la grève des femmes, qui a résonné en Suisse dans toutes les langues nationales le 14 juin. Il nous sera bien nécessaire, à l’heure où le conseiller fédéral socialiste Alain Berset présente les grandes lignes du projet de réforme AVS21, dont la mesure principale consiste à élever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans.
Ce sont 10 milliards qui seront économisés, se félicite le gouvernement. Économisés sur le dos des femmes! Des femmes qui subventionnent déjà l’économie suisse dans des proportions immenses, puisque le travail non rémunéré qu’elles abattent représente plus de 250 milliards de francs, selon
l’Office fédéral de la sta-
tistique. Ce chiffre est par ailleurs appelé à augmenter considérablement, en conséquence de l’entrée en vigueur de la réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA), adoptée en mai dernier. En effet, les pertes qu’elle engendrera pour la Confédération, au profit du grand patronat, ne tarderont pas à occasionner des coupes sévères dans les services publics, que les femmes devront compenser, comme elles l’ont toujours fait.
Deux ans après le refus de PV 2020 dans les urnes et deux semaines à peine après la plus grande mobilisation sociale suisse de ce siècle, ce projet de réforme est un affront. Le patronat et le Conseil fédéral semblent oublier que si nous étions des centaines de milliers dans les rues, nous le serons aussi dans les isoloirs.
Margaux Lang