Santé: Les urgentistes en lutte montrent la voie

Après le mouvement des gilets jaunes, d’autres conflits sociaux secouent la France, même s’ils moins médiatisés. Depuis le mois de mars un mouvement secoue les urgences des hôpitaux. Le 7 juin la grève s’étendait à 84 services, le 10 septembre elle touchait plus de 250 services!

Ce mouvement est exceptionnel. Il est exceptionnel par sa durée: plusieurs mois dont les mois d’été. Il est exceptionnel par son organisation: l’auto-organisation en collectif national soutenu par SUD Santé Sociaux. Exceptionnel aussi par la détermination des grévistes qui, par moment, ont été contraint·e·s de déserter les lits des patients, épuisé·e·s mais debout, mis en arrêts de travail, par équipes entières par leurs médecins, comme à la Salpêtrière, à Châlons sur Saône, à Besançon et dans d’autres hôpitaux.

Les revendications n’ont pas bougé depuis le début du mouvement: réouverture des lits, embauche de personnel, augmentation des salaires. Les salaires des paramédicaux français sont au 26e rang sur 29 des pays de l’OCDE.

Dans une tribune signée par des médecins hospitaliers et des personnels soignants, dont le porte-parole du collectif Inter Urgences, il est rappelé que « l’hôpital public est sous doté, sous financé (3,6% du PIB contre 4% ailleurs en Europe). Il faut investir ou fermer! La dégradation des conditions de travail et le management délétère créent les conditions de burn-out, aggravent l’absentéisme et font fuir les personnels hospitaliers ».

À ces légitimes revendications portées par un mouvement historique, que répond le gouvernement par la voix de la ministre de la Santé? Du pipeau!

750 millions d’euros sur 3 ans pour la « refondation des services d’urgences », soit la moitié du budget annuel d’un CHU comme celui de Toulouse. Mais aucune réouverture de lits, aucune augmentation de salaire, seulement une prime mensuelle, aucune embauche supplémentaire sauf çà et là, à l’initiative de directions locales et au détriment d’autres services, en l’absence de décision d’embauche au niveau national.

Décidément, face à ce gouvernement qui ne fonctionne qu’au rapport de force, les urgentistes de tout le pays montrent la bonne direction. Le collectif et des médecins urgentistes appellent d’ailleurs toutes et tous les hospitaliers·ères du pays à se mettre en grève à leur tour.

Le moment est propice. Pour la première fois depuis des décennies de luttes éparpillées, l’une après l’autre, un mouvement de lutte de personnel hospitalier est structuré de façon coordonnée et auto-organisée au niveau national. Les annonces et fausses reculades gouvernementales n’y changent rien: le mouvement, non seulement continue mais il prend de l’ampleur.

Les revendications des urgentistes sont celles de tous le personnel hospitalier: pour faire céder le ministre de la santé Buzyn et le gouvernement, construisons toutes et tous la grève générale des hôpitaux!

Articles publiés par le NPA mardi 17 septembre 2019

Résistance aussi dans les transports publics

 La grève à la RATP du 13 septembre pour les retraites est une incontestable réussite: dix lignes de métros complètement fermées, presque 100% de grévistes selon l’Unsa dans les métros et RER. Le signal est fort pour le gouvernement… et pour celles et ceux qui veulent organiser la confrontation contre lui.

Il y aurait également 60% de grévistes dans les bus. C’est un niveau de grève jamais vu depuis 2007. Dans un secteur qui, depuis plusieurs années, a connu un recul de son niveau de mobilisation et d’organisation. Il faut dire que l’attaque contre les retraites est simple à expliquer à la RATP: elle conduirait à des baisses de pensions de 15 à 36% selon la CGT. Dans un secteur où les conditions de travail sont dures, les horaires tournants, réduire les retraites, c’est casser un petit avantage compensant la difficulté du travail.

La colère des agents est donc très importante. L’UNSA précise que cette grève de 24 heures est un avertissement et appelle même à la convergence avec les autres salariéEs des transports: « routiers, cheminots, transports en province… ». Les syndicalistes et les grévistes parlent de grève illimitée, de refus de négocier les reculs.