La crise sanitaire pèse sur le monde du travail

Depuis le 16 mars 2020, les lignes téléphoniques des syndicats sont surchargées d’appels. Comment s’organise le travail syndical en ces temps de pandémie ?

Guy Parmelin visite l'office de l'assurance chômage à Berne
Guy Parmelin en visite surprise à l’office de l’assurance chômage du canton de Berne, 26 mars 2020

Une réorganisation du travail s’est mise en place avec le Covid-19. Les permanences syndicales, les réunions avec les travailleurs·euses, les manifestations se sont transformées en permanences téléphoniques lancinantes. Dans ces conditions, difficile de réaliser l’objectif premier d’un syndicat : transformer les problématiques individuelles en revendications collectives. 

La réduction de l’horaire de travail (RHT) est entrée dans le langage courant. Cette indemnité est versée par l’assurance chômage à l’employeur. Alors que le·la travailleur·euse ne perçoit plus que 80 % de son salaire, les cotisations sociales doivent encore être versées à 100 %. Si la part patronale des cotisations est remboursée en partie par la RHT, des employé·e·s doivent la payer entièrement en ne percevant que 80 % du salaire. De surcroît, les patrons continuent de penser que le personnel leur coûte trop cher et oblige les travailleurs et travailleuses à récupérer leurs heures supplémentaires et à prendre sur leurs vacances 2020.

Le fait de bénéficier d’une RHT n’empêche en rien les employeurs·euses de licencier. La crise sanitaire leur permet au contraire de mettre encore plus de pression sur les salarié·e·s en menaçant tacitement leurs places de travail. Cela a pour conséquence de museler les employé·e·s. Ils·elles n’osent plus – ou encore moins – se rebeller et s’organiser collectivement. 

Les premières touchées sont les femmes. Du fait des inégalités salariales, elles touchent en moyenne 20 % de moins que les hommes. Les 20 % de perte de salaire impliqués par le RHT réduisent encore ces salaires diminués. Elles sont des milliers, dont de nombreuses femmes célibataires, à se demander comment elles vont réussir à subvenir aux besoins de leur famille. À cela s’ajoute la double peine de la garde des enfants. Séparées ou pas, ce sont elles qui mettent en péril leur place de travail en demandant des congés à leur patron pour s’occuper des enfants entrainant des pressions et des licenciements de représailles, monnaie courante en Suisse. 

Pour cela et pour bien d’autres raisons, il est maintenant nécessaire que le Conseil fédéral décide la fermeture de toutes les entreprises et établissements socialement non indispensables, en assurant le 100% du salaire et en décrétant l’illégalité des licenciements avant que cette crise sanitaire ne se transforme en crise sociale. 

Sol