Fermeture de Blanchâtel

Un gâchis qui vient de loin

La blanchisserie Blanchâtel (La Chaux-de-Fonds) a fermé en licenciant 65 employé·e·s fin mars. Sur les 44 personnes bénéficiant d’un contrat de durée indéterminée (CDI), 33 n’ont pas trouvé d’emploi. 

Blanchâtel, La Chaux-de-Fonds

Fin tragique pour Blanchâtel, fondée en 1999 et dirigée par des personnalités libérales. À cette époque, les autorités avaient décidé d’externaliser le traitement du linge des hôpitaux, qui jusqu’ici assumaient cette tâche. En 2004, les hôpitaux neuchâtelois sont « autonomisés » et regroupés au sein de Hôpital Neuchâtelois (Hne), suivant la logique néolibérale du Conseil d’État et des principales forces politiques cantonales.

Notre journal dénonçait déjà (n° 246 du 3.4.2014) : « En 15 ans, le modèle appliqué à la gestion du linge des hôpitaux a produit un fonctionnement absurde et destructeur. (…) 2014 : HNE décide de rompre les contrats avec Blanchâtel pour envoyer le linge sale à Yverdon, occasion de multiplier les transports routiers et la pollution, mais ça c’est un autre département. Un autre département aussi, l’aide sociale qui verra ses charges augmenter ». L’entreprise Bardusch reprend la gestion du linge de HNe, ainsi que celle des établissements et maisons pour personnes âgées. Bardusch est un groupe allemand, implanté à Yverdon dès 1972 et qui a 6 autres sites en Suisse (700 employé·e·s). Ce n’est pas une PME.

La perte de ces mandats par Blanchâtel avait alors déjà entraîné une série de licenciements. En 2011, Blanchâtel avait été rachetée par l’entreprise vaudoise Lavotel, « leader en Suisse romande » du secteur des blanchisseries et filiale du groupe français Elis, multinationale présente dans 28 pays. En 2019, les profits d’Elis étaient de 1,1 milliard d’euros, pour un taux de rentabilité de plus de 30 %.

Privée de ses plus grands clients dans le canton, la fermeture de Blanchâtel, rebaptisée Elis La Chaux-de-Fonds, était déjà envisagée en octobre 2019. Unia avait alors obtenu un sursis, en espérant que le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) lui octroie un nouveau mandat, ce qui ne fut pas le cas. 

Au lieu d’externaliser le traitement du linge des hôpitaux et des EMS, il eut été opportun de créer une buanderie cantonale comme service public. Pour assurer des emplois, préserver l’environnement, au bénéfice d’une clientèle importante dans le canton et pour être indépendants de groupes multinationaux, qui ne sont pas tellement « responsables ».

Mais c’était trop demander à des gouvernant·e·s néolibéraux·ales de droite et de « gauche », peu soucieux·ses des répercussions sociales et environnementales de leurs politiques.

Hans-Peter Renk