Un centre féministe maintenant
Le 8 mars dernier, nous avons déposé à l’Hôtel de Ville les 1300 signatures de la pétition « Pour un centre féministe à Genève ».
Rendez-vous avait été pris avec le Bureau du Grand-Conseil pour la remettre en mains propres. Simple formalité ? Et bien non ! Des policiers en équipement d’intervention, ainsi qu’un panier à salade, nous attendaient et ont contrôlé cet acte citoyen. Quelques femmes ont marqué l’événement sous les voûtes de la cour aux canons par une danse, symbolisant la victoire des femmes sur le patriarcat.
Émotion chez les anciennes, dont Brigitte Studer et moi, en pensant à notre histoire : en 1971 quelques jours après l’octroi du droit de vote, des jeunes femmes avaient lancé le fameux MLF et elles avaient réclamé un local de réunion à la Ville. Ne l’ayant pas obtenu, le 1er mai 1976, elles avaient occupé un vieux café désaffecté à la Place des Grottes et en avaient fait un lieu de vie inédit, joyeux, et intriguant pour la population genevoise. Le 10 août à l’aube, la Ville avait envoyé des bulldozers pour détruire ce squat illégal. Le lendemain, une manifestation de femmes furieuses avait déboulé rue de l’Hôtel de Ville et avait muré la porte du conseiller administratif responsable de la démolition.
Les négociations entre autorités de la Ville et féministes avaient abouti à l’inauguration d’un nouveau Centre femmes au Boulevard Saint-Georges en janvier 1977. Lorsque cette vieille maison a dû être détruite, la Ville avait accordé une villa entourée d’un jardin avenue Peschier, où se tenaient les bals des chattes sauvages… puis un autre local…
Nouveau lieu pour de nouvelles luttes
Peu à peu le féminisme s’est diffusé dans la société. Malgré toutes ces luttes et tout ce travail, les inégalités et les violences sexistes ont persisté. Les féministes se réunissent les unes chez les autres, dans des lieux dispersés, prêtés ou loués. À présent, il nous faut des locaux à nous, comme du temps du MLF, pour se réunir en plénière et en groupes de travail, accueillir de nouvelles femmes, créer des banderoles, jouer de la musique, danser …
La pétition a aussi été déposée (sans ramdam policier) à la Ville de Genève et une délégation a été entendue avec grand intérêt par la commission des pétitions.
Nous avons le ferme espoir que le mouvement féministe obtiendra des locaux au centre-ville, accessibles et visibles.
Maryelle Budry