Pour une révolution queer et anticapitaliste

graffiti "fight the cis-tem"

À l’aube de la votation du mariage pour tou·te·s le 26 septembre, le groupe de travail queer interrégional de solidaritéS souhaite vous présenter un numéro spécial de ce journal. Non pas seulement pour célébrer une victoire politique non-négligeable, mais surtout pour discuter des perspectives à adopter à l’avenir pour les luttes LGBTQIA+ au sein de nos mouvements.

En effet, nous nous réjouissons de la très probable victoire attendue le mois prochain. Il est nécessaire de parler de la portée symbolique non négligeable que le mariage apporte, tant elle est importante pour la légitimation légale et populaire d’une grande partie de la population LGBTQIA+. Nous sommes également largement conscient·e·x·s de l’effet positif du mariage pour tou·te·x·s sur la santé mentale des personnes LGBTQIA+ – surtout des plus jeunes – et nous en sommes foncièrement ravi·e·x·s. De plus, il est absolument évident que le mariage apporte de vrais avantages d’un point de vue matérialiste : par exemple la naturalisation facilitée des partenaires, la reconnaissance des enfants, etc.

Nous devons néanmoins rester critiques. Comme l’article « le mariage pour tou·te·s ou l’utopie néolibérale de l’égalité » (ci-contre) le montre, il est nécessaire de questionner l’institution de la famille et du mariage en général. Et il semble qu’il soit difficile pour un groupe de travail tel que le nôtre de se réjouir sans condition du potentiel résultat de cette votation. En plus de la violence du comité référendaire du non, l’arrivée du mariage crée certaines anxiétés au sein de nos mouvements anticapitalistes. Il n’est effectivement pas impossible de penser que les luttes LGBTQIA+ seront considérées comme terminées par un grand pan de la population et par les personnes LGBTQIA+ les plus privilégiées.

Nous avons peur que les luttes liées aux personnes trans ne reçoivent pas le support que nous sommes en droit d’attendre. Nous avons peur qu’il n’y ait plus de front uni face aux attaques de la gauche comme de la droite contre une définition compréhensive et non essentialiste du genre. Nous avons peur de la récupération grandissante par des forces politiques réactionnaires de nos luttes afin de justifier leur racisme et xénophobie.

Ce journal se présente donc comme un éventail de différentes perspectives queer à l’aube de l’acceptation du mariage. Tout d’abord, pour rappeler de manière forte l’apport et la nécessité des pensées queer dans les mouvements anticapitalistes, matérialistes et féministes. Ensuite, pour discuter des enjeux propres aux personnes LGBTQIA+, que ce soit à l’intérieur de nos communautés ou au sein de notre société, tant en Suisse qu’à l’international. Nous souhaitons que ce journal rende claires les difficultés matérielles rencontrées par les personnes queer dans le système capitaliste, tout en sensibilisant nos lecteurices à la finesse, la résilience et l’art développés par nos communautés. C’est également pour cela que nous avons souhaité laisser plus de place à la culture dans ce numéro, en complément des types de contenu habituels. Nous souhaitons rêver d’un monde meilleur avec vous et vous souhaitons une bonne lecture.

Groupe interrégional Queer de solidaritéS