Drame de Morges

Un énième crime policier

Le lundi 30 août, la police a abattu un homme à la gare de Morges. Si l’enquête pénale devra déterminer dans quelle mesure le policier a agi en position de légitime défense, des questions plus générales se posent suite à cet événement. Ce drame s’inscrit dans le contexte de plusieurs décès lors d’interventions policières et nous pousse à considérer qu’il ne s’agit pas d’un événement isolé mais bien d’un problème systémique au sein de la police au niveau communal comme cantonal.

Manifestation contre les brutalités policières, Morges
Manifestation contre la brutalité policière, Morges, 3 septembre 2021

La communication de la police a révélé des imprécisions par rapport aux faits. Il a en effet été annoncé dans un premier temps : « Blessé, l’homme a été immédiatement pris en charge par les policiers » (communiqué du 1er septembre). Ce n’est qu’après le dévoilement par les médias d’une vidéo montrant que les agents n’ont pas apporté de premiers soins à l’homme à terre et que ceux-ci n’ont été prodigués qu’environ quatre minutes après les tirs par un infirmier présent sur place que la police a rectifié l’information donnée au public.

Quant à la légitime défense, l’article 15 du Code pénal suisse la conditionne au fait de repousser l’attaque « par des moyens proportionnés aux circonstances ». Aujourd’hui, les policières et policiers vaudois·e·s ont pour consigne, en cas d’usage de leur arme à feu, de viser le haut du corps d’une personne afin de réduire le risque de manquer la cible. Un décès aurait pu-t-il être évité si les agent·e·s avaient plutôt pour consigne de viser le bas du corps ?

Le 3 septembre, une centaine de manifestant·e·s s’est rassemblée à Morges à la suite d’un appel de différentes organisations, relayé par le site Renversé.co, pour marquer son opposition « ferme face à l’Etat raciste et ses mercenaires, la police et la justice ». Pour eux et elles « la violence institutionnelle continuelle à l’encontre des personnes racisées, psychiatrisées et marginalisées » a résulté dans la mort de cet homme. Après cette manifestation, quelques échauffourées ont éclaté avec la police, heureusement sans bléssé·e·s graves.

Combien de drames devront avoir encore lieu pour que les pouvoirs politiques cessent de se cacher derrière les concepts « d’évènements isolés » et de « brebis galeuses » ? La création d’instances indépendantes de dépôt de plaintes contre les abus policiers, la mise en œuvre du reçu lors d’interpellations ainsi que l’interdiction du plaquage ventral et d’autres pratiques dangereuses sont demandés, légitimement, par de nombreux collectifs depuis des années, le tout sans réponse aucune. Conseiller·ères d’état, parlementaires et chef·fes de la police, votre refus d’écouter est inaudible. Tant pis, nous crierons de plus en plus fort !

Maimouna Mayoraz