Nouvelle phase pour l’impérialisme étasunien

Une manifestante porte un panneau Free Afghanistan
Le 4 septembre 2021, plus de 500 personnes ont manifesté devant l’ONU à l’appel du Comité des Jeunes Afghanes et Afghans de Suisse.
Alessandro Sofia

Le retrait chaotique des troupes étasuniennes d’Afghanistan constitue une nouvelle défaite de l’impérialisme étasunien, qui fait suite à celle, beaucoup plus importante, en Irak. Cela n’est cependant pas la fin de l’ère des politiques impérialistes meurtrières de Washington.

Le plan de l’impérialisme étasunien est toujours de maintenir sa domination mondiale, mais par une gestion plus « efficace » de ses engagements militaires à l’étranger. Pour cela, Washington va remettre à l’ordre du jour les leçons que ses dirigeants avaient tirées de la défaite au Vietnam en 1973.

La stratégie militaire de l’après-Vietnam pour éviter une nouvelle guerre prolongée se soldant par un échec, sur fond de mobilisation anti-guerre massive dans le pays a été basée sur deux facteurs principaux. En premier lieu la fin de la conscription en 1973 et le passage à une armée professionnelle, diminuant les effectifs de l’armée d’environ 3 millions en 1973 à 1,3 millions aujourd’hui. Cette transformation avait également pour objectif de diminuer les cas de mutineries de soldats, qui avaient augmenté considérablement durant la guerre du Vietnam.
Cela s’est accompagné d’une augmentation massive des dépenses militaires. L’objectif stratégique était de développer et produire une nouvelle génération d’armes sophistiquées qui augmenteraient fortement la capacité de destruction étasunienne pour compenser la réduction du personnel militaire.

En même temps, une nouvelle doctrine militaire a été élaborée, cherchant à mener des guerres limitées dans le temps et uniquement à partir d’une position de supériorité écrasante sur un pays étranger, après avoir constitué des forces militaires nécessaires à proximité du théâtre d’opération. L’objectif était bien sûr d’éviter de répéter les erreurs du Vietnam en réduisant au minimum l’implication des troupes dans les affrontements sur le terrain et en recourant à la guerre à distance, accompagnée d’opérations terrestres les plus légères possibles comme lors de la guerre d’Irak en 1991.

Cette stratégie de l’après-Vietnam a été largement remise en cause dans l’ère qui a suivi le 11-Septembre, dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » et les invasions et occupations successives de l’Afghanistan et de l’Irak.

Le discours de politique étrangère de Joe Biden à la suite du retrait d’Afghanistan, dans lequel il a déclaré qu’il faut « mettre fin à une époque d’interventions militaires majeures destinées à remodeler d’autres pays… » signale au contraire un retour à la stratégie post-Vietnam, tout en affirmant la continuation de la lutte contre « le terrorisme » et surtout la nécessité de consolider la « compétitivité américaine » pour répondre aux défis que représentent en premier lieu la Chine et dans une moindre mesure la Russie.

La stratégie militaire impériale de Washington va dès lors s’appuyer davantage sur des bombardements à différentes échelles, d’assassinats individuels par drone jusqu’à des frappes de missiles ou par avion, tout en cherchant à exercer une supériorité écrasante pour détruire ou affaiblir d’autres pays.

La rhétorique et la stratégie changent, mais l’objectif reste toujours de maintenir la domination impériale de Washington dans le monde.

Joe Daher