« Frotter, frotter : il faut payer ! »

Fin mai, les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, en France, sont sorties d’une grève victorieuse dans laquelle elles se sont battues notamment contre la sous-traitance hôtelière menée par le groupe Accor, chaîne française d’hôtels. Le 11 novembre dernier, elles étaient invitées par le comité d’hôtellerie-restauration du syndicat Unia à Lausanne, afin de raconter leur combat.

Trois femmes tiennent une pancarte en soutien aux femmes de chambre de l'hôtel Ibis
Rassemblement de soutien aux grévistes de l’hôtel Ibis, Paris, 1er septembre 2020.

C’est en fin de mois de mai 2021 que les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles sont sorties d’une grève victorieuse dans laquelle elles se sont battues notamment contre la sous-traitance hôtelière véhiculée par le Groupe Accor, chaîne française des hôtels.

Leur lutte étant devenue d’inspiration à l’échelle large, le jeudi 11 novembre, elles ont été invitées par le comité d’hôtellerie-restauration du syndicat Unia à Lausanne, afin de raconter leur combat.

Les représentantes des grévistes, Rachel Raissa Keke et Sylvie Kimissa Eper, ont été accompagnées par Tiziri Kandi, secrétaire syndicale de la CGT-HPE. Les trois ont revenu sur les détails des longs mois de lutte, en nous expliquant comment leur mouvement est né et quelles ont été les stratégies déployées afin d’obtenir le gain de cause.

En effet, déçues par les expériences syndicales antérieures avec d’autres organisations, ce sont les travailleuses qui ont frappé à la porte du syndicat CGT-HPE, avec l’espoir de trouver un syndicat combatif qui serait à l’écoute de leurs revendications.

Sylvie Eper a raconté que ses collègues de l’hôtel ont été quasi toutes syndiquées et que les revendications qu’elles portaient étaient basées sur la baisse des cadences, le paiement à l’heure et non à la tâche ou encore l’indemnisation des frais de repas.

Elles ont rappelé dans quelle mesure le fait d’être femme et notamment racisée, a dérangé pendant 8 mois de grève, y compris dans le milieu syndical. Ainsi, certains syndicats ont même recouru aux partenaires des grévistes afin de leur demander de dissuader leurs conjointes à poursuivre la grève! Sur leurs piquets devant l’hôtel, elles ont souvent eu des critiques mais aussi des agressions de la part des client-e-s fâché-e-s parce qu’elles étaient trop bruyantes et visibles. En effet, elles faisaient la grève avec les moyens qui leur sont propres comme les chants et la danse.

L’aspect crucial de la réussite de cette grève était selon elles la capacité de construire des solidarités avec d’autres mouvements. Ainsi, le fait d’avoir élargi et politisé leur grève, notamment aux mouvements féministe et antiraciste, a fait que les femmes de chambre de l’hôtel Ibis étaient vues comme un problème de société général. Ainsi, il ne s’agissait plus d’un conflit de travail contre un mauvais employeur, limité uniquement aux frontières du syndicat, mais d’un problème politique. Elles ont réussi à thématiser la sous-traitance hôtelière.

Les femmes de chambre ont montré que la lutte paie lorsqu’on est déterminé et organisé! Leur lutte sert d’exemple à l’échelle internationale et ouvre l’horizon de possibles pour tous-tes les travailleur-euse-s précaires!                                     

Tamara Knezevic