Rail and Jail, un nouveau forfait CFF pour la gare de Lausanne

Le 14 février, le collectif Droit de rester publiait un communiqué révélant un projet de construction d’un centre de sécurité au cœur de la nouvelle gare de Lausanne.

Deux agents de la police ferroviaire
CFF

Le 8 décembre, le Conseil d’État a soumis à la commission des finances du Grand Conseil une demande de crédit d’étude relatif à l’aménagement de locaux destinés à accueillir un « centre de compétences sécuritaires » à Lausanne-gare. D’une surface de 3000 m2, celui-ci regrouperait au même endroit les services de la police cantonale, de l’Administration fédérale des douanes et de la Police des transports. Le complexe abriterait notamment des cellules, des salles de garde à vue et d’audition. 

De son côté, la police cantonale conteste toute affiliation avec un centre de détention provisoire. Situé dans une gare, espace de transit de trains venant de toute l’Europe, et visant à « développer des synergies » entre le service des douanes et la police cantonale. Outre les éléments de langage du Conseil d’État, ce centre représente une continuité symbolique et matérielle avec la politique d’« asile » suisse, alignée sur l’application des accords de Schengen et sur les procédures accélérées de renvois. Une politique de « gestion des flux migratoires » qui tend à qualifier, en amont, d’illégal tout processus de migration, et à en sous-traiter certains aspects à des acteurs externes, tâches qui pourraient incomber à ce nouveau centre. 

Selon la police et le Conseil d’État, l’objectif de ce nouveau poste de police « amélioré » serait uniquement de « garantir la sécurité des usagers ». À la lumière des évènements récents, notamment de l’assassinat par un policier de M. Nzoy à la gare de Morges, l’augmentation de la présence policière fait craindre l’amplification de la répression visant en particulier les personnes racisées. L’expansion de ce dispositif sécuritaire, déjà bien implanté, notamment par l’adjonction de cellules et en partie souterrain, représente un risque d’augmentation et d’invisibilisation de conditions de détentions illégales, déjà existantes dans d’autres endroits et dénoncées dans une motion du Grand Conseil, signée par notre député, Hadrien Buclin. 

Le projet prévoit que les locaux soient loués aux CFF, propriétaires du bâtiment. L’usage prévu de ceux-ci, n’as pas été rendu public, le crédit étant en dessous de la somme de 400 000 francs, le gouvernement vaudois n’en était formellement pas tenu. Cela pose la question d’une gestion véritablement démocratique et collective de ce nouveau « pôle gare » pourtant vanté par la Municipalité : entre galeries marchandes et cellules souterraines, le néolibéralisme autoritaire a de beaux jours devant lui.  

Gaara