Pride de nuit

Pour une manifestation queer, deter, solidaire et festive

Les luttes queer sont transversales et nécessaires aux combats aussi bien féministes qu’anticapitalistes ou encore écologistes. C’est fort de ce constat que le collectif de la Pride de nuit tente d’articuler les pensées et les revendications queer avec celles d’autres luttes sociales. Extraits de leur manifeste.

Manifestante avec une pancarte "La première Pride était une émeute"
Pride de nuit de Paris, juin 2017

Pour notre autodétermination sans concessions

Nous défendons le droit à l’auto-détermination. Tant dans nos genres, nos orientations affectives et sexuelles, nos corps, que dans nos modes de relations. Nous militons pour un droit aux questionnements, aux tâtonnements, aux hésitations et aux redéfinitions, individuelles ou collectives.

Santé

Nous voulons une reconnaissance de la diversité des corps, des identités et des parcours de vie. Les spécificités LGBTQIA+ doivent être prises en compte dans le domaine sanitaire. Nous nous opposons aux logiques marchandes qui nourrissent le secteur de la santé (médecine, labo, pharma) et des assurances. Nous souhaitons un accès sans conditions aux soins dont nous avons besoin et auxquels nous avons droit.

Représentations

L’histoire, qu’elle soit religieuse, sociale, culturelle ou scientifique, nourrit nos systèmes de récits visant à renforcer, naturaliser, prouver l’existence et la nécessité de la binarité de genre et de l’hétérosexualité. Ces récits dissimulent et nient l’existence d’une diversité bien présente dans la nature. 

La racialisation du genre a permis et permet encore de justifier des violences, le genre n’étant pas vécu, perçu et déterminé de la même manière selon l’assignation raciale. Le genre peut alors être un outil supplémentaire de fétichisations, stigmatisations et oppressions racistes. La binarité, qu’elle soit de genre ou d’autre chose, oppose, et donc subordonne, classifie, et enfin exploite au profit du capitalisme.

Pour un monde sans précarité, sortons du capitalisme

L’organisation de notre société autour du couple salariat-famille est une des causes systémiques de notre oppression. En plus de cela, le système de contrôle juridico–policier qui touche à tous les aspects de nos sociétés implique souvent une double-peine pour les personnes les plus vulnérabilisées et stigmatisées.

Nos organisations familiales

Nous dénonçons la famille qui n’est pensée que dans le cadre du salariat et du patriarcat. C’est-à-dire du modèle où une personne travaille et l’autre s’occupe – avec des conséquences graves sur son indépendance financière – de la maison et des enfants. Il est urgent que d’autres modèles relationnels et constellations familiales que la famille hégémonique soient reconnues. Le modèle constitué par un père et une mère n’a pas plus de légitimité que les familles monoparentales, homoparentales ou d’autres formes d’organisations familiales ou collectives.

Nos espaces, nos sociétés, nos structures

La répression vise la protection de la propriété privée et des intérêts bourgeois et non la protection de la population. Ainsi, ce sont en général les personnes déjà vulnérabilisées et stigmatisées qui font les frais de ce complexe punitif. 

Nous demandons l’abandon de la répression policière au profit d’une approche sociale prenant en compte les réalités notamment queer. Nous réclamons aussi une sortie des logiques étatiques sécuritaires et punitives justifiant des discours et pratiques racistes, sexistes, validistes, classistes…

Nos emplois, pas ceux des patron·ne·s

Avec l’effritement de l’État social, l’ubérisation rampante du monde du travail, les processus de néolibéralisation qui touchent tous les secteurs ainsi que la gentrification des centres, comment des lois antidiscriminations pourraient-elles nous protéger ? Nous rejoignons ainsi les mouvements féministes, écosocialistes et syndicaux sur la question du travail et des retraites : nous ne voulons pas des compromis, mais des améliorations concrètes !

Pour nous et par nous sans récupération de nos luttes

Nous dénonçons les organisations, entreprises, gouvernements, groupes dominants qui se réapproprient nos identités, nos luttes, notre travail, à des fins qui desservent nos intérêts et en les détournant totalement à leur profit. Nous refusons de nous laisser manipuler par les techniques de rainbow–washing des acteurs privés et publics et appelons à une lutte qui ne soit pas de façade. Le rainbow–washing renforce les catégories queers jugées acceptables et/ou assimilées, et marginalise d’autres identités, corps et vies perçues comme moins conformes.

International

Une des expressions les plus violentes de ce système est la hiérarchisation des pays, l’inégalité et l’exploitation qui en découle. Par conséquent nous sommes contre les frontières et opposéxes aux politiques qui détruisent les pays du Sud global. Nous appelons, pour combattre ces injustices, à une plus grande convergence des luttes avec des communautés transnationales pour décentrer nos rapports aux luttes et élargir nos perspectives ! 

Version complète du manifeste disponible sur le site internet : https://www.pridedenuit.ch/