Vous avez dit féministe? Trois artistes s’expriment

Vous avez dit féministe? Trois artistes s’expriment

Rencontrées dans le cadre du festival Superfemmes de l’Usine à Genève, trois jeunes artistes parlent de leur rapport au féminisme.

Maud Faucherre,
26 ans, comédienne

Elle a réalisé avec brio sa première mise en scène avec la compagnie RDH pour le festival Superfemmes de l’Usine: «L», joué six fois au Théâtre de l’Usine. C’est le résultat d’un laboratoire de quatre semaines sur l’image de la femme et sa recherche d’identité. Quatre comédiennes qui interprètent la course à la femme idéale véhiculée par les médias et la société.

«Féministe? Je n’ai jamais eu à me poser la question avant d’être sollicitée par l’équipe des Superfemmes. Faire partie du projet, c’était se positionner comme féministe… Or mon image des féministes était négative: des femmes d’une génération dépassée qui voulait mettre les hommes de côté, vivre en ghetto entre elles et prendre le pouvoir sur l’ensemble de la société! Mes camarades avaient la même image, il faut dire qu’aucune de nos mères était féministe. Maintenant, grâce aux rencontres, aux lectures, aux films du festival Superfemmes, j’ai compris de quoi il s’agissait: je suis féministe, parce que je suis une femme, parce que je veux créer, être indépendante, libre, je suis féministe pour sauver ma peau!»

Donatella Bernardi,
27 ans, artiste

Elle a réuni à l’Espace Forde féministes et artistes dans son projet Revolt she said, avec exposition d’affiches du MLF, vidéos de jeunes cinéastes féministes et débats inter-générationnels. Elle a réalisé l’affiche controversée et le beau texte de présentation du festival Superfemmes: «(les artistes féministes) vous feront découvrir quelques unes de leurs facettes humanoïdes. Dans la joie et l’allégresse, les talons d’Achille découverts, avec l’espoir que l’humanisme existe encore, fut-il à l’état de fragments éparpillés dans la galaxie du capitalisme avancé.»

«Féministe? C’est un très beau mot! C’est vrai qu’il a une connotation négative dans ma génération. Mais je sais maintenant, après avoir étudié et lu des bouquins sur le MLF pour préparer l’exposition, que le féminisme n’est que la forme au féminin de l’humanisme, c’est-à-dire la recherche continuelle de plus de dignité et de liberté pour tous et toutes. Dans ce sens notre exposition est féministe: elle redonne la parole aux femmes, elle nous donne de nouvelles stratégies pour changer le monde. L’humanité ne pourra progresser que si les femmes le veulent. Et s’imposent la discipline d’être réellement féministes.»

Capucine Maréchal,
22 ans, étudiante en art contemporain

aux Beaux-Arts de Nice, actuellement en stage à l’Atelier Critical Curatorial Cybermedia à la HEAA de Genève. A apporté à l’Espace Forde un petit film très fort contre le publi-sexisme réalisé avec sa copine Estelle Germain. Cette video de 3 minutes passera à la Villa Dutoit, elle est à disposition des groupes qui veulent réfléchir au sens de la publicité.

«Féministe? Oui, je n’ai pas peur de ce mot, j’y vois une lutte pour l’égalité, tout à fait à propos de nos jours, quand on voit les salaires inférieurs des femmes, quand on voit l’image des femmes dans les médias, la récupération de la libération sexuelle. Je dirais même plus: je suis une anarcho-féministe, car je veux travailler à l’égalité de façon non-hiérarchisée, dans des structures horizontales, annonçant un changement radical de société.»

Maryelle BUDRY