La lutte contre l’inflation doit continuer

À Neuchâtel, certains secteurs de la fonction publique se sont mobilisés pour obtenir une pleine compensation du renchérissement. La revendication des différentes sections du SSP était une adaptation des salaires de 2,9%, selon augmentation de l’indice officiel (IPC). Revue des mouvements et des résultats obtenus.

Un pancarte “Pas de salaire décent, vos enfants restent à la maison”
Rassemblement contre l’adoption du budget communal 2023, Neuchâtel.

Personnel de l’État

Le Grand Conseil a entériné la décision du Conseil d’État – à laquelle les syndicats étaient unanimement opposés – de n’octroyer que partiellement la compensation du renchérissement, soit 1,8 %. Légalement, le Conseil d’État peut déroger durant deux ans au maximum à l’indexation partielle de l’IPC.

À priori, cette compensation ne concernait pas les employé·e·s du secteur social et de la santé, puisque rien n’était prévu au budget 2023 de l’Etat.

Dénonçant une injustice et une inégalité de traitement flagrante dans le secteur public, le personnel se mobilisa une première fois le 30 novembre dans la cour du château pour remettre une pétition largement signée dans les institutions parapubliques (par plus de 1800 personnes, soit 85 % du personnel) réclamant « une véritable reconnaissance du secteur social ».

Très en colère par le refus des autorités cantonales d’entrer en matière sur l’indexation, une nouvelle manifestation regroupant plus de 500 employé·e·s, accueillit le 6 décembre l’ouverture de la session du Grand Conseil.

Victoire partielle, puisque le parlement vota une rallonge de 3 millions pour accorder également une compensation partielle du renchérissement à hauteur de 1.8 % au personnel du secteur social et de la santé. Nous sommes loin du compte puisqu’il était nécessaire de disposer de 11 millions pour une compensation à 2,9% comme le réclamaient les syndicats. L’octroi de cette compensation est par ailleurs quelque peu opaque, car le Conseil d’État demande aussi aux institutions de participer financièrement. Visiblement, le ministre des finances Laurent Kurth cherche à gagner du temps et à démobiliser. Une assemblée syndicale commune du personnel de la santé et du social doit se tenir le 22 février. La situation sera-t-elle plus claire ?

Personnel communal de la Chaux-de-Fonds

À La Chaux-de-Fonds, le personnel devrait obtenir une adaptation complète de la grille salariale au renchérissement pour 2023 sur la base de IPC d’août 2022, soit 3,4%. Cette bonne nouvelle doit être pondérée à la lumière des pertes salariales imposées au personnel durant les années précédentes: échelons non accordés entre 2016 et 2019, baisses de salaires ou encore application automatique de la déflation. Le SSP exige donc aussi un rattrapage progressif de ces pertes.

Personnel communal de Neuchâtel

Le conseil communal a d’abord proposé de compenser partiellement l’inflation (à 2%), mais supprimait en même temps l’octroi d’un échelon.

Une assemblée générale du personnel à l’appel du SSP refusait cette escroquerie, tout comme l’association des pompiers professionnels et ambulanciers de la commune.

Le conseil communal modifia sa position, en rétablissant l’octroi de l’échelon et en réduisant la compensation de l’inflation à hauteur de 1.6 %.

Malgré la mobilisation du personnel, présent à l’ouverture du Conseil général, celui-ci a maintenu sa position et a voté le budget.

Quelques conclusions

Visiblement, les autorités cantonales et communales sont promptes à utiliser la masse salariale comme variable d’ajustement de leurs budgets. Or l’octroi d’un échelon n’est pas une prime à bien plaire. C’est une obligation légale de l’employeur, qui doit respecter le contrat de travail. Et la grille salariale en fait partie. Cette politique est d’inspiration clairement libérale: faire subir aux salarié·e·s les politiques d’austérité. Cela est simplement inacceptable, surtout lorsque les partisans de ces mesures se placent à la gauche de l’échiquier politique.

La hausse des prix est provoquée par des capitalistes, profitant de conditions particulières (crises, guerre, catastrophes) pour spéculer sur les prix de matières premières. Revendiquer une pleine indexation de l’inflation est une réaction de défense légitime contre ces spéculateurs. Pour l’instant, les compensations sont partielles et ne rattrapent la hausse des prix qu’avec du retard.

L’IPC ne reflète qu’imparfaitement l’évolution des prix. Pour de faibles revenus, les pertes provoquées par une forte inflation sont plus importantes que l’indice officiel. C’est une raison supplémentaire pour revendiquer une pleine compensation, avec rattrapage. Une meilleure revendication serait de calculer selon le taux d’inflation une adaptation moyenne en francs et l’octroyer à toutes les catégories salariales.

Les meilleurs arguments resteront stériles s’ils ne sont pas appuyés par une organisation collective et des mobilisations actives. La lutte contre l’inflation n’est pas qu’une question de chiffres.

José Sanchez