Palestine

Le plan de paix est une nouvelle guerre

L’attention médiatique sur Gaza a reflué depuis le «cessez-le-feu» et le plan Trump. En Suisse, c’est business – et répression – as usual

Un enfant dans un camp de réfugiés à Gaza
En plus des violations régulières du «cessez-le-feu» par Israël, la situation humanitaire reste catastrophique dans la bande de Gaza

Annoncé le 10 octobre, le «cessez-le-feu» a été violé plus de 590 fois par Israël. Les attaques menées par l’occupant ont tué au moins 360 palestinien·nes depuis.

En Cisjordanie, les meurtres et l’expansion des colonies s’accélèrent. Au Liban, Israël continue ses frappes et occupe cinq sommets au sud, malgré le «cessez-le-feu» de novembre 2024, au moins 127 civil·es ont été tué·es. Israël a attaqué la Syrie plus de 600 fois cette année et continue de tuer et de s’emparer de ses terres.

Le 29 septembre 2025, Trump et Netanyahou avaient présenté un «plan de paix»: démilitarisation, fin de la guerre, libération de prisonnier·es et d’otages, passage de l’aide humanitaire, promesse que personne ne sera forcé de quitter Gaza, puis «reconstruction» via une zone économique spéciale. 

Le territoire serait administré par un comité palestinien «technocratique et apolitique» sous la supervision d’un «Board of Peace» présidé par Donald Trump, avec déploiement d’une force internationale de stabilisation. La résolution 2803 du Conseil de sécurité vise à mettre en œuvre ce plan.

Pourtant, ce plan n’est qu’une nouvelle occupation militaire étrangère: il renverse les responsabilités entre la victime et le criminel, entérine l’impunité d’Israël, n’est pas fondé sur le droit international, nie l’agentivité palestinienne. Il présente l’autodétermination palestinienne non comme un droit inaliénable, mais comme quelque chose qu’il faudrait mériter. Son «développement économique» vise l’exploitation et la privatisation plutôt que des réparations de la puissance génocidaire au peuple palestinien, et ne fait aucune mention du droit au retour.

De manière prévisible, et comme relevé plus haut, le «cessez-le-feu» n’a été que rhétorique pour I’armée d’occupation: attaques durant la «première phase», restrictions d’aide, contrôle de 53% de Gaza et déplacement quotidien de la «ligne jaune». Israël n’a libéré que 2000 prisonnier·es (soit moins de 20% des otages palestinien·es en détention).

La Suisse, qui échange, aujourd’hui encore, des fournitures militaires avec Israël, a soutenu le plan. En Suisse, le mouvement de solidarité anti-­génocide est réprimé: à Sion, l’organisateur de la manifestation «non autorisée» du 1er novembre 2025 a été condamné à une amende de 80000 francs. Début décembre, l’Université de Neuchâtel a refusé une salle pour deux conférences de Joseph Daher sur la Palestine, tandis que les propos pro-génocide en ligne restent impunis.

L’impunité et l’arrogance d’Israël participent aux menaces au-delà de la Palestine: elles justifient l’usage de la terreur, le non-respect des droits humains, accentuent les rapports de force militaires à l’échelle régionale, voire internationale, et confèrent une stabilité aux régimes répressifs des puissances voisines (Egypte, Arabie Saoudite, Émirats). Maintenir la solidarité avec le peuple palestinien constitue une opposition nécessaire à ce nouveau désordre mondial.

Camille Dubois  José Sanchez