Votations mi-figue mi-raisin
Votations mi-figue mi-raisin
On leur attribue un sens atavique du balancement, illustré par le célèbre «ni oui, ni non, bien au contraire». Les citoyens et les citoyennes vaudois nont pas démenti ce stéréotype durant les votations de la mi-mai. Ils ont ainsi repoussés linitiative libérale qui visait à supprimer limpôt sur les successions, présenté comme un sommet diniquité fiscale («le plus injuste des impôts»). Ce sont donc les populations paupérisées des districts de La Côte qui ont logiquement le mieux soutenu les libéraux (45,95% dans le district de Nyon, 44,01% dans celui de Rolle), juste concurrencées par une autre concentration ouvrière, le district de Lavaux (45,15%).
Mais en même temps, leur vote a affaibli lancienne taxation. Les veufs et les veuves seront exonérés de cet impôt et pour les entreprises, il sera diminué de moitié. Linitiative faisait perdre 50 millions de rentrées fiscales à la collectivité (dont 30 aux communes), le contre-projet accepté ramène la perte à 16 millions (dont 10 pour les communes). Avantage social par rapport à lancien système: les petites successions, jusquà 250000 francs, seront exonérées pour les enfants.
Daprès le gouvernement vaudois, le manque à gagner sera comblé par une nouvelle imposition des privilégiés, dorigine étrangère, qui préfèrent recourir à la taxation forfaitaire plutôt que de déclarer des revenus, disons, un peu indécents.
Acceptons-en laugure, sans céder à la béatitude: les bagarres fiscales et budgétaires nen sont quà leur début dans le canton; la droite libérale et radicale, comme lUDC qui avait soutenu linitiative libérale, histoire sans doute de soulager les petites gens… repartiront sous peu à lassaut.
Deuxième objet soumis au vote, linitiative de Franz Weber «Sauver le pied du Jura» a été nettement rejetée. Elle visait principalement à interdire lexploitation de nouvelles gravières et limplantation dautres industries incompatibles avec le caractère de parc naturel prévu pour sept communes de cette région. Les milieux économiques, les notabilités locales et la droite en général ont fustigé, avec lélégance qui leur est propre, cette «réserve dIndiens». Puis ils sont remontés en selle et partis vaquer à leurs affaires. Pour quelques dollars de plus, sans doute…
(ds)