Féminisation, migration, travail et économie domestique

Féminisation, migration, travail et économie domestique

Depuis juin 2003 à Genève, le Collectif féministe du 14 juin et le groupe de femmes du Collectif de travailleurs et travailleuses sans statut légal discutent ensemble du partage du travail domestique. En avril, ces deux collectifs ont déposé au Conseil d’Etat un Appel, largement diffusé et signé par une cinquantaine d’associations, syndicats, partis, etc. Leur texte s’insère dans la démarche de régularisation collective des «sans papiers», mais il se distingue par une réflexion féministe sur les problèmes de migration et met l’accent sur le partage des tâches entre femmes et hommes.

Nous sommes là exactement au cœur d’un des bloquages de la marche de notre société vers plus d’égalité… C’est bien parce que les hommes ne s’attribuent pas le travail de garde des enfants, de soins aux personnes âgées, de la cuisine, du ménage, etc, que les femmes de notre société s’appuient sur d’autres femmes, étrangères, venues chercher du travail en Suisse à n’importe quelles conditions. Le problème est tabou: Travail ménager et clandestines «n’existent pas». Même les associations sollicitées à signer n’ont guère aimé l’aborder. C’est bien parce que le débat n’a pas vraiment encore eu lieu que le Collectif avait organisé une soirée de conférences et de débat ce 14 juin 2004 à l’UOG.

Cette séance fort intéressante a été surtout fréquentée par des féministes convaincues, mais malgré tout quelques hommes et femmes d’associations amies ont osé venir écouter:

  • le témoignage d’une femme suisse qui a fait carrière dans le cinéma, grâce à l’aide très concrète d’une femme de ménage,
  • les témoignages de travailleuses sans statut légal qui osent sortir de l’ombre et raconter leur vécu,
  • les résultats de la recherche de Denise Efionaryi-Mäder, sociologue au Swiss forum for migration and population studies sur 400 dossiers de personnes arrêtées par la police genevoise pour cause de travail clandestin entre 1999 et 2001. Il ressort que 63 % de ces personnes sont des femmes, prioritairement originaires d’Amérique latine, employées dans le travail domestique, l’hôtellerie ou l’industrie du sexe.
  • L’analyse politique de Marie Houriet, chargée de l’information et des relations extérieures au Centre de contact Suisses-Immigrés, sur les tares de la LEtr, discutée à ce moment là aux Chambres fédérales. (voir extrait ci-contre)

Le débat sur femmes-migrations et travail domestique doit se poursuivre, toute association humanitaire est invitée à signer cet Appel et à le discuter en assemblée générale! (mbu)