Élections cantonales: une liste contre la pauvreté

Élections cantonales: une liste contre la pauvreté

SoAL / Solidarität de Bâle
soutient la Liste contre la
pauvreté et l’exclusion (liste
13), qui s’inscrit dans son
combat pour une alternative
radicale à l’économie de profit
capitaliste. En effet, cette
dernière précarise de plus en
plus de personnes: celles et
ceux qui ne veulent pas se
soumettre à la logique de profit
et qui ne peuvent ou ne veulent
pas accepter un salaire
quelconque sont sans scrupules
forcés à la pauvreté et mis en
marge de la société.

Les conditions de vie à l’extérieur du
monde du travail salarié sont rendues si
précaires par la suppression de la sécurité
sociale (en cas d’invalidité, vieillesse, chômage,
etc.) que les gens sont prêts à
accepter des conditions de travail toujours
plus mauvaises. Travail salarié ou crève!

La suppression massive de la sécurité
sociale qui a lieu en Allemagne à l’initiative
du gouvernement rouge-vert (Hartz I – IV)
illustre de manière emblématique ce qui se
passe également en Suisse. Il ne s’agit pas
seulement de mesures d’épargne éparses,
mais d’une transformation radicale des
systèmes de sécurité sociale et d’une
adaptation au modèle d’économie capitaliste
néolibéral.

Les thèmes de la pauvreté et de l’exclusion
sont évoqués de manière crédible et proéminente
à Bâle, par la Liste 13. Ils font
partie des thèmes clé de la transformation
capitaliste et néolibérale de notre société et
touchent le coeur des projets bourgeois
d’économies et de suppressions (AVS et
AI, programme d’économie cantonal etc.).

La Liste 13 est née de la Conférence de la
pauvreté
, une initiative provenant de personnes
concernées. Nous espérons que la
participation aux élections poussera les
personnes touchées par la pauvreté à s’organiser
et à agir également au delà du jour
du scrutin. D’après nous, une présence
parlementaire n’est pas une condition pour
l’établissement d’une telle résistance.

Les Verts et le PS reprochent à la Liste
d’«affaiblir» la gauche. Pourtant, ce n’est
pas la Liste 13 qui serait responsable d’une
éventuelle perte de voix des partis de
«gauche» représentés au parlement, mais
la crise de ces partis et leur manque de
crédibilité. Le parti social-démocrate s’est
mis à la remorque de la politique bourgeoise
et néolibérale. Les Verts également,
puisqu’ils souhaitent gouverner la main
dans la main avec le PS. Nous nous engageons
pour la création d’une force nouvelle,
combattante et anticapitaliste.
Cependant, une nouvelle force ne peut
surgir que de nouveaux mouvements,
représentés par des personnes touchées
par la pauvreté, qui prennent leur destin en
mains et désirent une transformation
sociétale radicale plutôt que de faire des
comptes d’apothicaires lors des élections.

Les pauvres résistent

«Ca suffit!» est la devise de la Liste 13
contre la pauvreté et l’exclusion. Des personnes
touchées par la pauvreté (retraités
AI et AVS, bénéficiaires d’aide sociale, chômeurs,
parents de familles pauvres…) se
sont rencontrés en octobre 2003 pour parler
de leur situation et de leur préoccupations.
Elles ont créé un catalogue de mesures
à prendre visant à contrer l’avilissement
quotidien des personnes concernées
face au labyrinthe des services, ainsi que
des mesures dont le but est d’obtenir une
augmentation des soutiens financiers. La
préoccupation centrale étant l’introduction
d’un revenu de base garanti à 3000 francs,
que ce soit par un soutien étatique ou par
des revenus minima garantis.

Divers groupes de travail se sont formés
au sein de la Conférence de la pauvreté,
qui s’est déjà réunie neuf fois. En janvier,
un groupe a par exemple organisé un
Tribunal de la pauvreté dans le théâtre de la
Ville de Bâle. Des personnes touchées par
la pauvreté y ont formulé des accusations
contre le traitement humiliant dont elles
sont victimes. Un autre groupe a élaboré
une prise de position envers la consultation
des directives CSIAS: La majorité des
cantons ajustent leur versements d’aide
sociale à ces normes nationales. Leur révision
permet l’établissement d’instruments
répressifs (le soi-disant «système d’attrait
») et la réduction du montant des
contributions. Plusieurs cantons ont insisté
pour réviser les normes CSIAS, afin de
pouvoir faire des économies au niveau de
l’aide sociale.

Un groupe de rentiers AI s’occupe de l’imminente
5e Révision de l’AI qui, selon la
volonté du Conseil fédéral, vise une réduction
massive des rentes et l’augmentation
des contrôles de leurs bénéficiaires.
L’assurance chômage sert de bon exemple
au Conseil fédéral: le travail forcé gratuit et
la répression massive en cas de résistance
contre ce traitement dans le canton y sont
déjà des pratiques quotidiennes.

La Liste 13

Le Tribunal de la pauvreté attire l’attention
sur ses préoccupations en participant
aux prochaines élections générales
de Bâle-ville, le 24 octobre. Trente-cinq
personnes touchées par la pauvreté porteront
leur candidature pour les sièges de
trois circonscriptions électorales au parlement
cantonal, dont quatre pour le
Conseil d’Etat. L’entrée en scène électorale
des concerné-e-s a été largement
médiatisée, ce qui a permis à la Liste 13
d’être bien connue du public. La participation
aux élections a également fait surgir
plusieurs discussions au sein de la
Gauche. Le PS a proposé une coalition
de listes à la Liste 13. La Conférence de
la pauvreté a cependant refusé unanimement
cette proposition, parce que le PS
est co-responsable de la dérive sociale
au plan local et national.

Le Conseil d’Etat socialiste a récemment
publiquement soutenu le deuxième paquet
d’économies, qui prévoit des réductions
de prestations importantes pour les personnes
touchées par la pauvreté, comme
par exemple la suppression de 600 postes
de travail à temps plein au sein du canton.
Les partis de gauche se sont montrés surpris
par la prise de position du Tribunal de
la pauvreté et de l’exclusion. Les Verts ont
eu peur pour leur candidat-e-s de la liste
électorale rouge-verte, en voyant qu’une
candidature de la Liste contre la pauvreté
et l’exclusion figurait sur la liste parlementaire
de l’alliance. Par des menaces insistantes,
ils ont obtenu que cette dernière
soit rayée de la liste de l’alliance.

Alors qu’en Allemagne, une résistance
croissante se meut contre les plans d’économies
rouges-verts (Hartz IV), il semble
qu’en Suisse, la résistance des personnes
concernées ne soit pas bien accueillie par
les partis «rouges-verts». C’est ainsi que
la candidature commune «rouge-verte»
pour une majorité «de gauche» dans le
gouvernement cantonal ne donne guère à
espérer, au vu de ce qui se passe en
Allemagne.

Urs DIETHELM