Colonialisme: mettre l'histoire au pas!; Le «miracle» chinois vu de l'intérieur.

Colonialisme: mettre l’histoire au pas!

Claude Liauzu, Gilles manceron et al.
Paris, éd. Syllepse, Arguments & Mouvements, 2006, 116 p.

«La loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation envers l’œuvre des Français outre-mer et les souffrances des rapatriés, dispose, dans son article 4 que «les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif» de la colonisation. L’article 3 crée un Fondation pour la mémoire et l’histoire de la guerre d’Algérie qui sera chargée d’animer les études dans ce domaine. Un mouvement de protestation des historiens, appuyé par les syndicats d’enseignants, la Ligue des droits de l’homme, la Ligue de l’enseignement et le MRAP a réagi à cette loi. Mais les députés de la majorité ont refusé le 29 novembre d’abroger son article 4. Tant qu’il ne sera pas abrogé, il représente une menace pour la liberté des chercheurs et des enseignants. Il impose une vision de l’histoire dans laquelle des millions d’élèves de toutes origines ne peuvent pas se reconnaître. Il suscite des réactions de rejet dans les pays anciennement colonisés et porte atteinte aux échanges scientifiques et culturels avec eux.

Ce livre s’efforce d’analyser les problèmes posés par ces deux articles. Dans quelles conditions ont-ils été préparés et adoptés, sous l’action de quels groupes de pression? Quelles en sont les conséquences pour une discipline qui occupe une place importante dans notre système scolaire et universitaire? Où en est-on des recherches et de l’enseignement en matière d’histoire de la colonisation? Quelles relations entretiennent-ils avec les groupes de mémoire qui ont pris une importance considérable depuis quelque temps?

Toutes ces questions appellent des mises au point et des débats apaisés sur les problèmes scientifiques et pédagogiques posés afin que l’histoire puisse s’écrire librement et que l’école ne devienne pas l’instrument d’intérêts particuliers rétrogrades. (réd.)

Le «miracle» chinois vu de l’intérieur. Points de vue d’auteurs chinois

Paris, éd. Syllepse, Alternatives Sud, décembre 2005, 184 p.

«La Chine souffre aujourd’hui de ce qu’il y a de pire dans les deux régimes à l’œuvre – la nouvelle hégémonie néolibérale et l’ancienne tyrannie socialiste revisitée.» Lapidaire peut-être, cette formule de Wang Hui, l’une des grandes figures intellectuelles chinoises et l’un des auteurs de ce numéro d’Alternatives Sud, a le mérite d’indiquer toute l’explosivité du cocktail d’économie ultralibérale et d’autoritarisme politique qui permet aujourd’hui à la Chine de s’imposer sur la scène internationale comme la superpuissance en devenir. Les nouveaux rapports sociaux et de pouvoir induits par la mise en place d’une société de marché ont pour corollaire la polarisation sociale et le développement profondément inégalitaire de la société chinoise, dans les campagnes comme dans les villes. Au-delà de ses effets libérateurs et de son impact évident sur la croissance du pays, l’ouverture de la Chine à «la mondialisation» a aggravé les impasses et les dérives des années 1990: crises écologiques, corruption, migrations de masse vers les villes, exploitation effrénée de la main-d’œuvre, marchandisation du travail rural, chômage urbain… La complexité du réel et les évolutions sociales internes font plus que nuancer les discours téléologiques sur la modernisation et les images du boom productiviste et consumériste de la Chine contemporaine. (réd)