Après le 2 x oui: vers un Observatoire national

Après le 2 x oui: vers un Observatoire national

Certain-e-s militant-e-s
engagés à fond dans la campagne contre les deux
«lex Blocher» ont reçu le résultat de la
votation comme un choc, tant leur mobilisation avait été
active. A ceux-là, Yves Brutsch rappelle que nous sommes au
départ et non à la fin d’un mouvement de
résistance. Celle-ci pourrait, certes, se prolonger dans un
observatoire des pratiques comme la Coordination genevoise le propose,
mais elle se nourrit aussi des mobilisations contre la traque des
migrant-e-s comme à Lausanne. (réd)

La Coordination contre l’exclusion et la xénophobie de
Genève poursuivra ses activités. Une assemblée
générale est convoquée le 18 octobre à 20 h
au SIT, 14 rue des Chaudronniers. Le comité de pilotage de la
Coordination proposera de poursuivre un large travail
d’information et de sensibilisation du public:

1) En maintenant les liens entre ses membres en vue de les mobiliser
occasionnellement pour des actions communes (structure d’alerte
qui sera activée par le comité en fonction des besoins).

2) En contribuant au fonctionnement d’un observatoire national
des pratiques officielles, visant à recenser et à
dénoncer les dérives du droit d’asile et des
étrangers à partir d’exemples concrets. A
Genève un début d’observatoire expérimental
peut être très rapidement mis sur pied, grâce
à un réseau important d’organismes actifs sur le
terrain de l’asile et des étrangers. Les axes de travail
de ce projet expérimental pourraient être:

  • la collecte de cas concrets,
  • la mise en forme des données,
  • l’information auprès des organisations membres et au grand public,
  • la participation à la création de l’observatoire national

Toute offre de collaboration concrète est la bienvenue
(notamment des compétences en informatique et en relations
publiques).

Surtout, il faut que toutes celles et ceux qui ont été
impliqués concrètement dans la campagne de votation
restent mobilisés. En dehors des activités de la
Coordination elle-même, l’essentiel du travail de
solidarité avec les réfugié-e-s et les
immigré-e-s se fait à travers tout un réseau
d’associations, de groupes et de permanences sur le terrain qui
ont besoin de se renforcer.

Maryelle BUDRY-CRUSE


Construire un mouvement de résistance

Dans l’abattement du lendemain des votations du
24 septembre, la déclaration d’Yves Brutsch,
spécialiste du droit d’asile au Centre social protestant
et coprésident de la Coordination contre l’exclusion et la
xénophobie, nous donnait un coup de fouet dynamisant:

«(…) J’estime
personnellement que la campagne que nous avons portée ensemble
s’est révélée extrêmement fructueuse.


Le résultat du vote ne peut
être rapporté au rêve de passer la barre des 50%. Il
était clair d’emblée que notre objectif est
ailleurs, dans une logique de mobilisation face à deux lois
d’une dureté sans précédent. (…)




Le résultat prévu, au
moment du lancement du référendum, 30 à 33% des
voix, est atteint. C’est peu. Mais il ne faut pas oublier que
lors du dernier vote comparable, en 1999, contre la révision
totale de la loi sur l’asile, nous ne faisions que 27,4% des
voix. Depuis lors, l’UDC est montée en puissance, Blocher
est aux commandes et le contexte économique et social
crée une inquiétude latente chez beaucoup de nos
concitoyens. Faire 5% de mieux, dans ces conditions, c’est une
progression qui n’est pas négligeable, même si elle
nous laisse dans une position minoritaire.




Notre objectif principal, qui
consistait à mobiliser tous ceux qui étaient susceptibles
de s’engager en faveur du double non s’est
réalisé au-delà de ce que nous avions
prévu. Qui avait déjà vu, à Genève
et en Suisse, un tel rassemblement d’associations, de militants
et de personnalités, une telle gerbe d’activités
militantes? Sur cette base, nous pouvons réellement
espérer construire un mouvement de résistance forte aux
lois blochériennes. Le fait que certaines voix de droites se
soient aussi engagées à nos côtés est
également un atout pour ne pas perpétuer un clivage
gauche-droite qui nous condamnerait à rester
définitivement minoritaires.




Sur le plan de la législation,
aussi rigoureuse soit-elle, le débat que nous avons
provoqué a mis en lumière les excès les plus
criants et conduit les autorités et les représentants de
la droite à promettre, sur plusieurs points clés, une
application moins stricte que les textes le permettraient…




Où serions-nous,
aujourd’hui, si le double référendum n’avait
pas été lancé? Si ces lois étaient
entrées en vigueur dans un climat d’impuissance et de
résignation (…) Grâce au référendum et
à tous ceux qui en ont assuré la réussite, nous
sommes maintenant beaucoup mieux à même de faire face
à ces deux lois et d’envisager concrètement les
actions à mener pour que les étrangers et les
réfugiés qui en seront les victimes ne se retrouvent pas
seuls.
»