Révision de l’AI contre les salariés: lançons le référendum!

révision de l’AI contre les salariés: lançons le référendum!

La 5e révision de l’Assurance invalidité (AI) a
été votée la semaine dernière par les
Chambres fédérales. Cette loi est une nouvelle attaque
inacceptable contre les personnes handicapées
bénéficiant des prestations de l’AI: environ
300 millions de francs par an seront ainsi
«économisés» sur le dos des
bénéficiaires actuels. Cette révision
s’inscrit dans la logique de l’UDC et de ses émules,
qui ciblent en effet de manière systématique et depuis
des années, catégorie après catégorie, les
étrangers et étrangères, les sans-travail, les
bénéficiaires de l’aide sociale, les
handicapé-e-s, dont les «abus» seraient la cause
essentielle de tous les problèmes. Assurance sociale, l’AI
n’est pourtant pas une aumône, mais un droit que tous les
salarié-e-s se constituent par leurs cotisations.

Or l’abus, en matière d’AI, est clairement à
rechercher du côté des patrons qui, au nom de
l’accroissement de la productivité et de leur
«capacité concurrentielle», au nom des
bénéfices des actionnaires, ont licencié et
poussé à l’invalidité des milliers de
travailleurs et de travailleuses… Mais aujourd’hui, on
donne un tour de vis supplémentaire visant à limiter
encore plus radicalement l’accès aux prestations de
l’AI pour les salarié-e-s qui en ont besoin, ceci
malgré la détérioration constante des conditions
de travail nuisibles à leur santé: précarisation,
stress, heures supplémentaires, flexibilisation des horaires,
exigence de productivité maximale tout le temps et à tout
prix…

La loi dictée par la majorité de droite patronale aux
Chambres ne contient pas la moindre mesure qui fasse payer les
employeurs, ni en termes de financement, ni en termes de mesures fortes
et contraignantes indispensables pour garantir et renforcer
l’emploi des personnes handicapées. Au contraire, alors
qu’aujourd’hui déjà, les refus de rentes
augmentent – 49% de demandes refusées en 2005 –
c’est sur les salarié-e-s que l’on prévoit
d’augmenter encore la pression, avec des objectifs toujours
accrus de diminution du nombre de bénéficiaires: moins 10
pour cent d’abord, moins 20, puis moins 30 selon les
dernières déclarations de Couchepin. La surenchère
est à l’ordre du jour en la matière. Economiesuisse
se félicite aujourd’hui d’une loi qui devrait
permettre «de freiner la tendance coûteuse à
utiliser l’AI comme source de rentes»!

Dans ce contexte, l’objectif de «réinsertion»
proclamé dans le cadre de cette révision apparaît
donc clairement comme un prétexte à des économies
supplémentaires sur le dos des malades et une négation
des droits des assuré-e-s, une antithèse même du
principe de l’assurance sociale, accroissant la
précarité et la pression sur les salarié-e-s et
visant à les soumettre aux diktats patronaux en matière
de conditions de travail et de salaire.
Cette loi, votée au National, en même temps que ce dernier
entérinait de nouveaux cadeaux fiscaux aux actionnaires –
à travers la défiscalisation à 50% des revenus des
gros actionnaires, votée dans le cadre du deuxième volet
de la réforme de la fiscalité des entreprises –,
devrait évidemment faire l’objet d’une campagne de
résistance et d’un référendum populaire
fédéral!

Or au lendemain du vote, le référendum apparaissait
incertain. L’organe faîtier national des organisations de
handicapé-e-s et différentes organisations membres, comme
par exemple Pro mente sana, qui considère pourtant que les
défauts de la révision sont prépondérants,
renoncent à lancer le référendum, notamment au
motif que celui-ci retarderait l’assainissement financier et le
désendettement de l’AI et que le geste de «bonne
volonté» consistant à laisser passer cette
révision pourrait ouvrir la voie à des réformes
positives dans ce domaine. Le PS, quant à lui, déplore le
caractère «unilatéral» de la révision
comme étant «uniquement un projet de
démantèlement des prestations» en violation de
l’«accord trouvé à ce sujet entre partis
gouvernementaux», mais ne lancera pas le
référendum. Au moment où nous mettons sous presse,
l’USS de son côté devait débattre de la
question, mais pencherait elle aussi pour renoncer au lancement,
malgré l’appel unanime de la Conférence des unions
syndicales cantonales réunie à Berne en septembre et
d’un certain nombre de syndicalistes.

Ainsi, le lancement du référendum dépend
aujourd’hui – comme ce fut le cas par le passé sur
d’autres objets importants – de forces de résistance
minoritaires. Deux associations, le Centre pour une vie autonome de
Zurich (www.zslschweiz.ch) et Cap-Contact en Suisse romande
(www.cap-contact.ch) ont décidé de lancer le
référendum. solidaritéS – et «A gauche
toute!» bien sûr – devraient s’associer
à ce lancement. Rien ne permet d’affirmer que nous
gagnerons cette bataille difficile, par contre, si nous ne la livrons
pas, il est certain qu’elle sera perdue!

Pierre VANEK