Létat va-t-il lâcher lintégration des réfugiés?
Létat va-t-il lâcher lintégration des réfugiés?
A quelques jours de
léchéance qui marquera peut-être le retrait
de la subvention fédérale accordée à BIRD
(Bureau dIntégration des Réfugiés pour
Demain), léquipe daccompagnateurs des
réfugié-e-s na pas encore réussi à
trouver un partenaire susceptible de rassurer Berne. En effet, ce
projet dintégration socio-professionnelle financé
par la Confédération à 80% les cinq
premières années, puis à 70% dès la
sixième année (cest le cas de BIRD),
nécessite urgemment environ 80 000.- et lengagement
dun partenaire cantonal pour assurer sa survie.
Tout au long de lannée 2006, et même avant, une
recherche de fonds approfondie a été lancée au
niveau cantonal, fédéral, et international, sans
succès. Le climat hostile à la cause des
réfugié-e-s, qui a trouvé son apogée dans
les récentes votations du 24 septembre, en est la principale
raison. Une série darticles de presse ont paru, dans
notre journal dabord, puis dans Le Temps (17 octobre), Le
Courrier (18 octobre), puis la Tribune de Genève (27 octobre),
visant à informer le public genevois de cette situation
désespérée. Il est scandaleux de constater que
lEtat dune part tourne le dos à un projet
opérationnel, qui a fait ses preuves dans le domaine de
lintégration professionnelle, et qui accompagne à
ce jour environ une centaine de réfugié-e-s, et
dautre part, fait une critique sans appel de laction (ou
plutôt de linaction) du Bureau dIntégration
des Etrangers.
Il faut dire que ce qui ressort de linterview de M. Moutinot,
Conseiller dEtat en charge du Département de
lIntérieur, nous fait froid dans le dos. Dans cet
interview paru dans Le Courrier du 27 octobre, il laisse clairement
entendre que sa préoccupation réside «dans la
limite à poser entre le respect des différences et les
exigences à légard des communautés
étrangères». Cest donc ça que le
Conseil dEtat et le Conseiller socialiste Moutinot entend par
politique dintégration! Ne sagit-il pas
plutôt dassimilation à tout prix, au mépris
dun véritable effort dintégration à
moyen et long terme? Nous craignons, quau niveau de la politique
cantonale sur les questions dintégration des
étrangers en général, nos Conseillers dEtat
ne misent plus sur la politique blochérienne en vogue
actuellement, que sur une politique cohérente et payante
dintégration à long terme.
Entre-temps, nous assistons presque impuissants à la disparition
du projet BIRD et nous en sommes amers. Nous avons pris connaissance
dune lettre ouverte des réfugié-e-s à
lattention du Conseil dEtat, ainsi que dune lettre
ouverte rédigée par des personnalités et qui peut
être signée en contactant Alfredo Camelo soit à
BIRD au 022/ 321 29 35 soit sur son portable au 078/ 742 82 56.
Cest le signe que les principaux intéressé-e-s
nentendent pas rester les bras croisés
Deux témoignages de réfugiés
Hasan, 41 ans, de nationalité turque, avocat et défenseur
des Droits de lHomme dans son pays, est à Genève
depuis 14 mois.
«Jai pris contact avec
BIRD en début 2006. Jai expliqué ma situation et
à lépoque, BIRD mettait à ma disposition un
traducteur. Ils ont préparé un projet
dapprentissage de la langue et aujourdhui je peux
mexprimer et écrire presque couramment en
français. Je me prépare à faire un post-grade
à la Faculté de droit dans le domaine de
lactivité commerciale. Je continue à
améliorer mon français grâce à lappui
de BIRD. Il faut dire quaucun effort na été
épargné pour que je trouve un chemin vers
lintégration à Genève, et cela me redonne
de plus en plus confiance en moi.»
Monica, 34 ans, de nationalité colombienne, journaliste. Arrivée en Suisse en août 2005.
«BIRD ma
été très utile parce quoutre
laccueil, lorsquon arrive dans un endroit quon ne
connaît pas, on a besoin de gens motivés qui nous montrent
comment refaire sa vie ailleurs. Je trouve que ce qui est bien dans
cette équipe, cest que les coordinateurs ont une approche
très personnalisée, et élaborent avec nous des
plans qui seront suivis pas à pas. Je trouve très
important quils maient aidée à valoriser
mon expérience professionnelle antérieure à
lexil et, à partir de là, quon ait
esquissé un projet professionnel que je suis en train
daccomplir. Je ne parlais pas du tout le français et
aujourdhui, jai commencé une formation post-grade
dans un domaine qui me tenait à cur et qui me permettra
de trouver un emploi qualifié et reconnu».