APPEL À LA POPULATION : LA POSITION DE SOLIDARITÉS

Nous avons été approché-e-s par les différents partis politiques du canton de Neuchâtel afin de signer ensemble un appel à voter destiné à la population neuchâteloise. solidaritéS a volontairement décliné l’offre : en voici les raisons.

1. Un système démocratique à bout de souffle !

Le pourcentage de personnes qui expriment leurs opinions politiques au travers d’un bulletin de vote stagne depuis des décennies. Contrairement aux idées reçues, seule une rare minorité des personnes en droit de voter ne se rend jamais aux urnes, le 90% restant exerce ce droit de manière sélective et les élections contrairement aux votations ne semblent plus déchaîner les passions. Nous devons en prendre acte et nous en inquiéter car solidaritéS en est convaincu, cela peut se comprendre comme une lassitude et le sentiment d’un système démocratique qui ne répond plus aux attentes. Nonobstant, la démocratie et l’acte politique ne doivent pas être réduits au fait d’aller voter et élire des représentant-e-s. Bien au contraire, exprimer ses opinions et agir peut prendre de multiples formes, notamment en s’impliquant dans divers domaines associatifs, en se syndiquant, en manifestant dans la rue, en militant dans des mouvements sociaux féministes, en faveur du climat ou encore pour la défense des personnes migrantes. Ce sont ces actes profondément politiques que nous devons privilégier car c’est bien là que la démocratie s’exerce véritablement.

2. De l’hypocrisie de la démarche !

L’inaction des dominants pour faire vivre la démocratie en dehors des périodes électorales, puis l’appel aux urnes à la veille des élections pour se faire élire nous semble inutile voir hypocrite. Si solidaritéS soutient les démarches pour favoriser la participation au vote, nous refusons de signer à côté de partis politiques qui défendent des idées dangereuses et diamétralement opposées aux nôtres. Il ne suffit pas de dire « allez voter » car, soyons honnêtes, nous ne voulons pas que les gens votent pour l’extrême-droite et permettent la pérennisation de la violence du système capitaliste, sexiste et raciste suisse. Le débat et la participation politique devraient se faire jour après jour, année après année et de différentes manières afin d’aiguiser notre esprit critique et de pouvoir déterminer quels sont les acteur-rice-s qui œuvreront réellement pour nos intérêts.

3. Pour la réduction du temps de travail et la possibilité pour tous-x-tes de s’exprimer !

Nous espérons réellement que notre projet démocratique dépasse la simple bataille électorale. Si nous voulons retrouver de l’entrain pour la question politique, nous devrons changer de paradigme. La Suisse est l’un des pays européens où l’on travaille le plus, avec une moyenne de 42 heures de travail rémunéré par semaine (nous ne parlons même pas du travail non rémunéré et reproductif). Cela laisse très peu de temps à l’engagement, que ce soit dans un parti politique ou plus largement dans un mouvement social ou associatif. Pour permettre cet engagement, il est nécessaire de réduire drastiquement le temps de travail rémunéré, sans répercussion sur les salaires. Les femme-x-s et personnes issues de la migration sont les plus impacté-e-x-s par les difficultés à participer dans la « vie publique », car d’une part ce sont elle-x-e qui assument la majeure partie du travail non-rémunéré, et d’autres part car dénigré-e-x-s voir complètement invisibilisé-e-x-s dans l’espace public. La voix au chapitre doit être donnée à toutes personnes de manière égale, le vote ne le permet pas.

solidaritéS appelle toute la population neuchâteloise à se mobiliser dans les mouvements sociaux tel que la Grève féministe ou la Grève du climat, nous vous appelons à participer aux manifestations et dans les instances des différents syndicats qui vous représentent ainsi que dans les associations qui luttent pour le droit des personnes issues de la migration, pour le droit des locataires et pour la défense des chômeur-euse-s ! Ceci dit, ne laissez pas que la droite courir aux urnes ! Le vote est important, mais le résultat l’est encore plus, car il agit sur les politiques qui seront appliquées et sur les conditions de possibilités de lutte. Un renforcement de la droite au parlement, c’est la garantie d’une nouvelle dégradation des politiques sociales et d’un affaiblissement des résistances. Qu’on se le dise !