Changeons de système avant qu’il nous crame!
L’été qui s’achève aura été – à nouveau – celui de tous les records en terme de climat. Un mois de juillet le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial avec des vagues de chaleur d’une intensité inédite aux USA, Japon, Afrique du Nord ; une canicule exceptionnellement tardive en Europe; des inondations en Chine, Slovénie, Inde; des orages redoutables dans le nord de l’Italie ou à la Chaux-de-Fonds et surtout des incendies monumentaux au Canada, en Grèce, en Sicile, en Algérie ou à Hawaï où la ville de Lahaina a été rayée de la carte. À cela s’ajoutent des océans bouillants et une fonte hors norme de la banquise antarctique. Cette liste, loin d’être exhaustive, s’allonge chaque jour, alors même que le phénomène El Niño commence tout juste à faire sentir ses effets.
Si la hausse de température mesurée actuellement correspond aux prévisions des modèles, les impacts dépassent les pires attentes. Et ce sont les plus vulnérables qui trinquent en premier. Or, nous ne sommes globalement qu’à +1,2 °C et les politiques actuelles nous emmènent vers +2,7 °C d’ici la fin du siècle: un cataclysme dans lequel de larges parts de la planète deviendraient inhabitables.
Ce n’est pas une «nouvelle normale» : c’est un processus qui ne fera qu’empirer tant qu’on continuera à brûler des énergies fossiles.
Droit dans le mur
Notre seule chance de stabiliser le climat est d’atteindre au plus vite la neutralité carbone partout. Le défi est immense et l’urgence devrait être totale.
Or, malgré leurs promesses, les gouvernements continuent d’appuyer sur l’accélérateur. La décision du premier ministre britannique Rishi Sunak de valider une centaine de projets pétro-gaziers dans la Mer du Nord, tout en prétendant garder le cap vers le net-zero n’est qu’un exemple parmi d’autres du degré ahurissant de duplicité atteint dans le déni climatique des puissants.
La Suisse ne fait pas mieux: après avoir soutenu la – très minimale – loi climat acceptée en votation en juin dernier, le Conseil fédéral prévoit d’investir 35 milliards dans de nouvelles autoroutes ces prochaines années. Un premier paquet de 5,3 milliards devrait être voté par le Parlement prochainement. La bataille référendaire qui va s’ouvrir à ce sujet est cruciale pour pointer les contradictions d’un système qui prétend «agir» tout en renforçant encore notre dépendance collective à des infrastructures énergivores et destructrices.
Les choses sont claires: notre survie dépend d’une rupture radicale avec un système qui continue à subventionner les énergies fossiles à raison de 13 millions de dollars chaque minute, pendant que les géants du secteur alignent les profits records.
Prendre en mains publiques l’énergie, l’eau et le sol pour organiser la sobriété de manière solidaire et démocratique, engager un tournant radical dans la politique des transports, prendre sur les profits immobiliers pour isoler les logements, défendre une transformation agroécologique vers la souveraineté alimentaire, lutter contre le déni et les fausses solutions… Des propositions que nous défendons d’ailleurs en vue des élections fédérales d’octobre prochain et pour lesquelles nous manifesterons le 30 septembre à Berne.
Dans un monde en feu, il n’est plus tenable de n’être que 0,1% d’activistes. Soyons des millions !
Thibault Schneeberger