Rachat de Credit Suisse

METTRE LA FINANCE AU SERVICE DU BIEN PUBLIC

Contrairement à ce que répètent en boucle les autorités fédérales, les partis bourgeois et, malheureusement, aussi le Parti socialiste et les Vert-e-s, la débâcle du Credit Suisse n’est pas le résultat d’une «mauvaise gestion» ou «des errements de sa direction», bref d’erreurs ou de défaillances individuelles. Elle est au contraire le produit, logique, d’un choix fait depuis plus d’un siècle par les petits cercles qui dirigent les banques et ceux qui les représentent sur le plan politique. Le choix de spécialiser la place financière suisse dans un créneau spécifique: les services liés à la fraude fiscale et au blanchiment d’argent à l’échelle internationale. Autrement dit, de faire de la Suisse le plus ancien et le plus important paradis fiscal du monde.

Manifestation nationale pour le climat, Berne, 28 septembre 2019

Ce positionnement a engendré et engendre toujours des résultats très néfastes pour les salarié-e-s et les couches populaires dans le monde entier et, comme on le voit aujourd’hui, aussi en Suisse :

  • sur le plan international, le pillage des ressources fiscales des autres États et la protection des ultra-riches, des oligarques (russes, mais pas seulement !), des dirigeant-e-s politiques corrompus, des dictateurs, etc.
  • sur le plan suisse, ce système a amené le patronat bancaire à aller en permanence au-delà de la légalité, ce qui a provoqué la révélation répétée de scandales (comme déjà lors du fameux scandale de Chiasso en 1977), dont le Credit Suisse a fini par payer le prix.

C’est ce modèle de développement auquel il faut mettre fin et pour cela il faut s’attaquer au cœur du paradis fiscal suisse. Il faut supprimer le secret bancaire et les nombreux privilèges fiscaux accordés par la Confédération et les cantons aux personnes physiques et aux entreprises.

UBS a déjà pris et va encore davantage prendre, après l’absorption du Credit Suisse, une dimension beaucoup trop importante dans l’économie suisse, et même dans l’économie mondiale, pour demeurer une affaire privée orientée vers la recherche du profit maximum. UBS doit donc être placée sous le contrôle des pouvoirs publics, des salarié-e-s et des usager-ères, afin d’être mise au service de la grande majorité de la population. Elle devrait notamment financer l’urgente et coûteuse transition écologique vers un système réduisant massivement l’émission des gaz à effet de serre, basé sur les énergies renouvelables et le respect de la nature.

Ce n’est pas aux employé-e-s de Credit Suisse de faire les frais du rachat de la banque. Il faut que les pouvoirs publics — le Conseil fédéral et la Banque nationale suisse — qui viennent pour la deuxième fois en 15 ans au secours de la place financière suisse pour la sauver à coup de dizaines et de dizaines de milliards de francs, conditionnent leur aide à la sauvegarde des emplois en interdisant à court terme à UBS de licencier des employé-e-s de Credit Suisse (ou de UBS). A moyen terme, il s’agit de mettre sur pied un plan de reconversion pour les employé-e-s bancaires, vers d’autres emplois dans le domaine bancaire s’ils-elles le souhaitent, ou vers d’autres domaines plus utiles socialement et écologiquement que la gestion de fortune. Cette dernière permettant essentiellement aux ultra-riches de devenir encore plus riches, notamment en ne payant pas, ou très peu, d’impôts.

Le Chef du Département des Finances du canton de Zurich, l’UDC Ernst Stocker, a déjà laissé entrevoir un plan d’économies à Zurich parce que le canton va perdre des recettes fiscales en raison de la débâcle du Credit Suisse. C’est un comble ! Ce n’est pas aux salarié-e-s et aux couches populaires en Suisse de payer les pots cassés d’une politique axée sur la fraude fiscale internationale et le blanchiment d’argent sale à l’échelle mondiale. Les pouvoirs publics — Conseil fédéral et Banque Nationale Suisse — appuyés par les milieux patronaux et les partis bourgeois vont mettre à disposition plus de 200 milliards de francs suisses, comme ils ont mis 60 milliards en 2008 (UBS), pour venir en aide à la minuscule minorité d’actionnaires qui possèdent et dirigent la place financière suisse. Il y a six mois, ils nous expliquaient qu’il fallait augmenter l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans parce qu’il n’y avait pas d’argent et qu’il fallait réduire les dépenses de l’AVS d’un ou deux milliards. Et il y a quelques jours seulement, le 16 mars, ils ont fait passer une réforme des caisses de pension qui va diminuer ce que touchent la majorité des rentier-ère-s, sous le même prétexte : économiser deux ou trois milliards et maximiser les profits des assureurs privés. Bref, quand il s’agit de quelques centaines ou milliers de grands capitalistes, il y a tout l’argent qu’on veut, mais quand il s’agit de millions de salarié-e-s, il paraît que les caisses sont vides. Cette mascarade doit cesser : il faut baisser l’âge de la retraite pour tout le monde et retirer la réforme péjorant encore le système des caisses de pension (LPP 21).

Nos revendications :

  • Placer UBS sous le contrôle des pouvoirs publics, des salarié-e-s et des usager-ères
  • Démanteler le paradis fiscal suisse par la suppression du secret bancaire et des nombreux privilèges fiscaux accordés aux ultra-riches et aux grandes entreprises
  • Interdiction à UBS, à court terme, de licencier ses employé-e-s et mise sur pied, à moyen terme, d’un plan de reconversion
  • De l’argent, il y en a ! Pas de plan d’austérité pour les salarié-e-s. Non à la réforme du deuxième pilier (LPP 21) qui va baisser les rentes. Réduction de l’âge de la retraite pour tou-te-x-s !

solidaritéS

Lausanne, le 20 mars 2023