Traversée de la Rade

Traversée de la Rade : Le tout-bagnole aux poubelles de l'histoire

Dimanche 28 septembre, les votant·e·s genevois·e·s ont clairement manifesté leur refus d’un projet dépassé, onéreux et insensé, misant uniquement sur l’automobile comme solution de mobilité.

 

Malgré les arguments fallacieux et mensongers de l’UDC et du TCS, appuyés par le MCG, les votant·e·s ont, à plus de 63 %, définitivement enterré cette idée d’un autre temps, confirmant ainsi le double non d’il y a près de 20 ans.

 

 

La conséquence d’une absence de choix

 

Le retour de ce projet en votation populaire est la conséquence directe de l’absence de choix politiques en matière de mobilité à Genève. En effet, aucune stratégie, ni priorité claire n’a été définie par les autorités qui laissent la situation se péjorer. Qu’il s’agisse des piétons ou des cyclistes trop souvent en danger, des TPG bloqués au feu rouge ou par le trafic ou des automobilistes bloqués dans une circulation toujours plus congestionnée, tous sont victimes de la frilosité et du manque de volonté politique. Cette situation de mécontentement général offre un espace politique dans lequel des initiatives absurdes et populistes peuvent s’engouffrer. Heureusement, la population n’a pas été dupe.

 

 

Un NON à l’automobile, un OUI une autre mobilité

 

Ce résultat s’inscrit dans une lignée de victoires récentes dans les urnes en matière de mobilité : oui à la mobilité douce, oui au CEVA et oui à des TPG bon marché et efficaces. L’ampleur du refus de ce projet routier confirme encore la tendance de la population vers une mobilité favorisant un bien-être collectif.

C’est une vision d’une ville plus conviviale et moins polluée qui a été rappelée aux autorités qui se doivent désormais d’agir dans ce sens.

Le développement du réseau de transports publics (redéploiement des trams, construction du CEVA) ne suffit pas. Les TPG doivent améliorer nettement leur vitesse commerciale, et doivent pour cela avoir la priorité dans la circulation. Or, le Conseil d’Etat continue à combattre cette idée pourtant élémentaire en vigueur dans la plupart des grandes villes suisses.

De plus, Le Conseil d’Etat, plutôt que de menacer la population en annonçant des baisses inacceptables de prestations TPG, devrait au contraire étoffer l’offre, la rendre plus attractive et plus accessible. L’horizon d’une ville où les transports publics seraient gratuits et auraient la priorité dans la circulation est plus que jamais visible.

 

 

NON à la grande traversée du lac 

 

Notons que les habitant·e·s de la Ville de Genève, soit les plus directement concernés par ce projet et les nuisances du trafic motorisé, ont été parmi ceux qui l’ont refusé le plus nettement, en particulier les quartiers populaires (74,38 % de non à Mail-Jonction). À l’inverse, les seules communes ayant accepté sont sur la rive gauche, riveraines d’une potentielle grande traversée autoroutière du lac… des communes qui ont dit oui à la « petite » traversée pour mieux couler la « grande » qui les menace.

C’est en tous les cas un signal clair des ha­bi­tant·e·s du canton : personne ne veut davantage de routes et de trafic sous ses fenêtres. L’heure n’est donc surtout pas à une relance de la grande traversée autoroutière comme le proclame la droite ainsi que quelques esprits égarés au PS… place aux solutions d’avenir… et vite. 

 

Pablo Cruchon & Thibault Schneeberger