Vers une déferlante verte et violette
À la suite du 14 juin 2019, une coordination écoféministe romande s’est créée afin de construire des liens entre la Grève du climat et la Grève féministe. La réflexion avance et des actions communes ont déjà eu lieu.
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Les deux mouvements de grève ont davantage en commun que le recours au débrayage, outil peu utilisé en Suisse. Chacun est également parvenu à développer une force large, reconnue et politiquement opposée au système actuel. Au cours de l’année 2019, la réflexion et les actions écologistes et féministes ont profondément bousculé les esprits et des centaines de milliers de personnes se sont mises en mouvement.
Depuis un an, un événement lié soit à l’un soit à l’autre mouvement a eu lieu en moyenne chaque jour : manifestations, assemblées populaires, stamm-tisch (réunions) féministes, cinéclubs, etc. Chacun se revendique politique mais apartisan et rencontre un écho dans la population opposée aux politiques climaticides et sexistes. De plus, les deux mouvements ont développé des modes d’organisation démocratiques et efficaces.
Le lien entre défense du climat et lutte pour les droits des femmes n’est plus à démontrer. Pour n’en relever qu’un aspect, rappelons qu’il existe quatorze fois plus de chances pour les femmes et les enfants de mourir durant une catastrophe naturelle que pour les hommes. Ainsi, le manifeste de la Grève féministe a, dès le début, dénoncé la destruction de l’environnement. De leur côté, les jeunes gréviste du climat soutiennent les revendication du mouvement féministe. En fait, les militant·e·s des deux mouvements pointent le doigt dans la même direction : le système socio-économique capitaliste et l’inaction des États. « Nous sommes d’avis qu’il n’y a pas de justice climatique sans justice sociale et féministe, c’est-à-dire ne reproduisant pas les inégalités », peut-on lire dans l’invitation à la première réunion écoféministe romande.
La coordination écoféministe, comme les divers groupes travaillant sur ces questions, visent à montrer le lien entre capitalisme et patriarcat. Elle dénonce l’exploitation et la domination des femmes* et de l’environnement selon les mêmes logiques de maximisation du profit et d’oppression par des figures masculines riches, hétéro, blanches. « Nous voulons la réduction générale du temps de travail (…) parce que le modèle d’économie capitaliste déprécie les personnes et dégrade les ressources naturelles de notre planète », dit le point 5 de l’Appel à la Grève féministe.
Après la journée de formation écoféministe du 18 janvier 2020, un manifeste commun est en cours de rédaction. D’autres actions suivront et les prochains rendez-vous des 8 mars, 15 mai et 14 juin… accueilleront des sympathisant·e·s en vert et violet.
Manon Zecca