Ignorance et ambiguïtés face au harcèlement sexuel

Pendant longtemps le harcèlement sexuel a existé dans les faits mais n’était pas reconnu comme un inadmissible abus de pouvoir. Pour beaucoup, y compris pour les femmes qui le subissaient et en souffraient, c’était un inconvénient «inévitable» ou «le prix à payer pour avoir un travail et un salaire» en tant que femme dans un univers professionnel masculin. ou à encadrement masculin

Il a fallu les dénonciations de plusieurs affaires par des groupes féministes et des syndicats pour que l’on commence à prendre conscience du caractère intolérable de ces pratiques. Pourtant, la confusion et l’ignorance sont encore grands y compris parmi les syndicalistes et les hommes et les femmes de gauche.

Une partie des ambiguïtés provient sans doute de l’idée que vouloir éliminer ces pratiques menace les attitudes des hommes qui se sentent en droit de faire des avances aux femmes qui leur plaisent. On évoque ainsi une sorte de mythe du milieu de travail où les rapports de pouvoir seraient inexistants tandis que la séduction, le charme, etc. pourraient fleurir dans les salles de classe, les bureaux et les ateliers.

Dans les rapports impliquant une relation de pouvoir tels qu’ils existent dans le milieu de travail entre supérieurs hiérarchiques et subordonnées, dans le milieu médical entre médecins et malades, à l’université entre les professeurs, les assistant-e-s et les étudiant-e-s, etc. la personne qui détient ce pouvoir se doit d’être précisément d’une prudence extrême et éviter toute ambiguïté.

En absence d’une politique exigeante d’information, de prévention et d’une procédure de plainte adéquates, le milieu universitaire offre un champ très favorable aux comportements où se mêlent séduction et rapport de pouvoir au détriment des étudiant-e-s et assistant-e-s.

«Est considéré comme harcèlement sexuel toute conduite se manifestant une ou plusieurs fois, par des paroles, des actes ou des gestes à connotation sexuelle, unilatéraux et non désirés, qui sont de nature à porter atteinte à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique de la personne, à empoisonner le climat de travail, ou à mettre en péril son emploi»

Le harcèlement sexuel peut viser deux buts différents:

a) le harceleur agit pour obtenir des faveurs sexuelles de la personne harcelée

b) le harceleur ne cherche pas du tout à obtenir des faveurs sexuelles de la personne visée, son but est de l’humilier ou de l’exclure.



* Source: La loi du silence n’est pas une loi, brochure du Comité contre le harcèlement sexuel, Genève,1997