Socialisme par en bas... et le féminisme?

Socialisme par en bas… et le féminisme?

Je suis déçu du changement de sous-titre du journal solidaritéS, votre nouveau slogan me fait penser au communisme d´un temps passé et je le trouve très réducteur. Pourquoi avez-vous enlevé le terme de mouvement féministe? Vous étiez le seul mouvement politique genevois qui osait le dire et qui se battait.



Julien HUTIN





Que signifie «le socialisme par en bas»? Une volonté de rupture radicale avec le capitalisme dans lequel nous vivons, fondé sur le monopole de la propriété de l’essentiel des richesses sociales (terre, bâtiments, installations, machines, moyens de transport) par une toute petite minorité.



Au-delà du dénuement et de l’inégalité criants découlant de ce monopole, nous rejetons le pouvoir qu’il confère à ses détenteurs sur nos vies, et sur l’avenir de l’humanité. Historiquement, le socialisme s’est développé comme projet d’émancipation des travailleuses/eurs de tous les pays, de la grande masses des opprimé-e-s, et à travers elle de l´ensemble de la société. Il visait l’abolition de l’exploitation du travail et de la division de la société en classes, comme fondement d’une égalité effective et d’une démocratie participative, ouverte sur de véritables choix.



Le «socialisme réellement existant» du XXe siècle, qu’il se revendique de la social-démocratie ou du communisme, a abandonné ou trahi ce projet jusqu’à le rendre méconnaissable et repoussant. Pourtant aujourd’hui, la déclaration des mouvements sociaux du second Forum Social Mondial à Porto Alegre, propose quelques pistes vers un monde différent, renouant de fait avec les valeurs essentielles du socialisme. A notre avis, elle donne une idée des voies par lesquelles le «socialisme par en bas» peut être réinventé et reconstruit à partir des luttes, des actions et des expériences quotidiennes des opprimé-e-s, femmes et hommes.



Pour nous le «socialisme par en bas» sera féministe ou ne sera pas. Comment concevoir en effet l’auto-émancipation des opprimé-e-s dans leur ensemble sans prise de parole, action et organisation des femmes à parité avec les hommes? Cela mérite certes d’être revendiqué haut et fort.



C’est pourquoi, dès le départ, nous avons craint que la suppression de la référence explicite au «féminisme» dans le titre du journal ne soit mal interprétée. La réaction de notre lecteur montre que notre démarche n’a pas toujours été comprise. Une incitation de plus à relancer la réflexion sur ce point au sein du Comité de rédaction… (jb)