La vie des travailleuses de Pepsico Argentina
La vie des travailleuses de Pepsico Argentina
Cet article, tiré du net, illustre lenfer que vivent aujourdhui des travailleuses dans une usine alimentaire fabriquant des frites. À lusine Pepsico Snacks, 400 personnes, dont 70 % de femmes se relayent pour effectuer un travail debout dans des conditions infernales.
La grande majorité de ces femmes sont mères de famille, certaines sont seules à assumer la «charge» de famille, parce quelle ne sont pas mariées ou parce que leurs maris sont au chômage. Beaucoup ne se limitent pas à passer huit heures debout devant leurs machines, elles font des journées doubles pour augmenter leurs revenus sans pour autant que cela suffise à faire vivre leur famille. Depuis janvier, Pepsico a licencié 130 intérimaires, malgré la dénonciation de certains délégués qui se sont affrontés avec leurs propres syndicats et la direction. Ils ont également dénoncé le recours abusif aux contrats dintérimaires, en violation avec la législation du travail en vigueur en Argentine.
Usine à tortures
Elsa travaille à lemballage. Dans cet atelier, la machine qui devrait travailler à 80 coups par minute fonctionne à 120. Trois femmes remplissent les caisses, les transfèrent sur une plate forme et reviennent pour remplir dautres caisses, le même mouvement de bras, le même parcours, pendant huit heures avec seulement trente minutes pour manger et aller aux toilettes.
Un délégué témoigne que la principale maladie professionnelle dans lusine est la phlébite. Une des travailleuses a obtenu de faire prendre en charge le traitement par lentreprise. Peu de temps après, le syndicat, complice de la direction a fait supprimer la phlébite des maladies prises en charge par lassurance maladie.
[…]Julia a des ampoules aux mains. Pour elle, cest quotidien. Les patates sont frites à plus de 200 degrés et bien quelles travaillent avec de lhuile, lentreprise a décidé quelles devaient utiliser des gants de latex.
Quand les frites laissent un goût amer
Après avoir licencié les intérimaires, Pepsico sest chargé de persécuter les travailleuses et les délégués qui avaient été en pointe dans les luttes. Aujourdhui, ils sont suspendus pendant quà lintérieur de lusine règne la peur. Une assemblée interne élue par la totalité des salariés de lusine – qui dénonce le plan de licenciement en rupture avec le syndicat maison – cest incompatible avec les intérêts de la multinationale. Il ny a pas dantécédent récent de grande entreprise de la région de Buenos Aires qui ait connu des assemblées dusines avec une participation égalitaire et démocratique des travailleurs et travailleuses en CDI et des intérimaires, comme cest le cas à Pepsico. Cest quelque chose que les directions et les bureaucrates syndicaux nadmettent pas, doù la réaction exemplaire contre le mouvement de Pepsico.
Les travailleuses licenciées de Pepsico et les délégués poursuivis par la direction sont soutenu-e-s par une vague énorme de solidarité de centaines davocat-e-s connu-e-s, des assemblées de quartier de la région, de la fédération Internationale du Travail du secteur de lAlimentation et des travailleurs et travailleuses de Zanon et de Brukman, de nombreuses commissions internes et de délégués dusines, du Centre des Professionnel-le-s pour les droits humains, de certains partis politiques de gauche et de centaines de personnes de toutes professions et organisations qui ont signé une pétition de soutien. Mais, ce nest pas suffisant pour faire plier lentreprise nord américaine.
Pendant que Anoop Singh, lémissaire du FMI, dit au Président Duhalde quil doit prendre des mesures contre les travailleurs, les travailleuses et le peuple argentin, les entreprises multinationales se comportent comme des esclavagistes sans scrupule contre ceux et celles qui leur permettent avec leur force de travail de faire des millions de profits.
Les masques de la multinationale
Pepsico est la filiale de Pepsi qui fabrique des frites et autres produits alimentaires, elle affiche sur le site web «institutionnel» une priorité dans le choix des fournisseurs pour les entreprises qui sont dirigées par des femmes ou des personnes de minorité ethnique. Cest évident que «le politiquement correct» recherché dans limage de Pepsico à légard des femmes et des minorités nest quune façade pour les consommateurs derrière laquelle se cache le monstre qui exploite dans des conditions infâmes de jeunes travailleuses.
Derrière le masque de Shakira, la chanteuse des pubs de Pepsico, est dissimulé des centaines de Julias, Elsas et Rosalbas.
Mais, les Argentin-e-s, sont fatigué-e-s du chômage, et de lomnipotence des dirigeants et de limpérialisme. Pendant que Pepsico améliore sa rentabilité avec la complicité du syndicat, les délégués qui défendent les travailleuses sont persécutés. Pendant que Shakira danse avec Antonito à Miami en buvant du Pepsicola, un groupe de femmes travailleuses de Pepsico Argentina, en plus de souffrir dampoules, de varices et de douleurs dans les articulations, a été volé du dernier rêve qui lui restait: travailler pour nourrir leurs familles.
Traduit par Giselda FERNANDES
Pour plus dinformations sur le conflit : www.ceprodh.org.ar
Pour manifester votre solidarité avec les travailleuses de Pepsico, vous pouvez envoyer un message à: delegadosdepepsico@hotmail.com
Source: netfemmes@listes.cdeacf.ca
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