La lutte des femmes dans le cadre du FSE
La lutte des femmes dans le cadre du FSE
De longue date, les femmes luttent pour leurs droits dans des conditions toujours difficiles. Elles ont obtenu des avancées majeures: droit de vote, droit à lavortement et à la contraception, arrêt de la banalisation et criminalisation du viol, reconnaissance du harcèlement sexuel puis moral, la loi sur légalité professionnelle (bilan social annuel). Aujourdhui, non seulement ces acquis sont remis en cause mais les discriminations liées au simple fait dêtre femme se multiplient.
Grâce au maintien du réseau de mobilisation féministe, la 1ère Assemblée Européenne des Droits des Femmes décidée à Florence sest tenue en ouverture du 2ème FSE, car le mouvement altermondialiste, comme la plupart des mouvements sociaux, peine à intégrer à ses combats, voire nie la dimension féministe. La plupart des tracts politiques, syndicaux ou associatifs ne sadressent pas aux femmes, ne les mentionnent pas, leur refusent la parole.
Pourtant les femmes, quelle que soit leur origine, sont les premières touchées par la mondialisation capitaliste: 70% des pauvres de la planète sont des femmes.
En Europe aussi: le démantèlement des services publics, la précarité, le chômage, le temps partiel, sans parler du retour à lordre moral préconisé par des intégrismes religieux, catholiques et autres, nont pas les mêmes répercussions selon quon est un homme ou une femme. Le projet de casse de la Protection Sociale condamnera nombres dentre elles à la dégradation de leur santé tout en les rendant encore plus dépendantes.
3500 personnes venues de toute lEurope, majoritairement des femmes, se sont rassemblées dans le plus grand chapiteau du FSE puis se sont réparties sur les six ateliers organisés: Femmes et guerres, Femmes migrantes/Actrices dune autre Europe, Femmes et violences, Travail/Pauvreté/Précarité, Droits sexuels et reproductifs et Femmes et pouvoir.
LAG et les ateliers ont abouti à un Manifeste pour une autre Europe dans un autre monde, des libertés, de légalité hommes/femmes, des droits sociaux et économiques pour toutes et tous, solidaire, pacifiste et démilitarisée. Il y est dénoncé le traité constitutionnel européen. Il se termine par le constat que «les luttes et revendications des femmes ne sont pas «spécifiques» bien au contraire elles sont au coeur des luttes contre la mondialisation libérale parce quelles concernent lensemble des femmes, comme des hommes, parce quelles questionnent les bases mêmes de lorganisation patriarcale et capitaliste.»
Puis, 4500 personnes ont manifesté à Bobigny sur un parcours ponctué de lieux symboliques comme le tribunal où avait été jugée, il y a 31 ans, Marie-Claire pour avoir avorté. La manifestation, colorée et revendicative, a rejoint louverture du FSE le 12 novembre 2003.
Les luttes des femmes remettent en cause ce système de domination libéral, capitaliste et patriarcal. Le mouvement altermondialiste se développe. Il ne peut le faire sans intégrer ce qui représente au bas mot la moitié du genre humain sinon, il sera amputé et ne pourra prétendre aux convergences de toutes les composantes. Sans prise en charge de sa dimension féministe, la lutte contre lordre établi serait inéluctablement vaine.
Il est donc primordial que lAssemblée Générale des Droits des Femmes ne se tienne plus en marge, mais soit intégrée aux prochains Forums Sociaux et que leurs luttes et lhistoire de leurs luttes soient systématiquement rendues visibles dans tous les mouvements sociaux.
Véronique YVART
Article paru dans Le petit ramoneur, journal de la LCR 74.