Les défauts de la LEtr toucheront les femmes à plus d’un titre

Les défauts de la LEtr toucheront les femmes à plus d’un titre

Les migrantes qui travaillent actuellement dans l’économie domestique ne correspondent pas au profil ultra-qualifié requis pour entrer en Suisse, même si elles sont souvent au bénéfice d’une formation (secrétaire, journaliste,…) qu’elles ne peuvent pas faire valoir – c’est ainsi qu’on trouve des avocates latino-américaines dans des entreprises de nettoyage. Elles n’auront donc pas de possibilité de venir légalement en Suisse et continueront à alimenter le marché clandestin.

Ce marché clandestin impose aux femmes une vie très précaire économiquement et sans aucune protection. Cette situation ouvre la porte à toute sorte d’abus, non seulement au niveau des conditions de travail (horaires et salaires) mais hélas aussi en matière d’exploitation sexuelle. On verra ainsi des gens proposer des logements à des femmes Sans-Papiers moyennant paiement en nature. Comme ces femmes ne peuvent pas avoir un bail à leur nom étant donné leur absence de statut, certaines se laissent piéger.

Le regroupement familial doit être opéré dans les 5 ans suivant l’arrivée. Un amendement du Conseil National impose même un délai d’une année seulement pour faire venir les adolescent-e-s à partir de 14 ans… Quand on sait que le regroupement familial est conditionné par le fait d’avoir un revenu suffisant et un logement convenable, on se rend compte de la difficulté de remplir ces conditions dans un délai aussi bref pour des personnes fraîchement arrivées dans une ville connue pour sa pénurie de logements! En ce qui concerne le revenu, là aussi il faut du temps pour avoir une situation suffisamment stable économiquement lorsqu’on est employée dans l’économie domestique (les femmes ont souvent plusieurs employeurs, et se constituent petit à petit leur «réseau», ce qui prend du temps).

Lorsqu’une femme obtient un permis suite à un mariage, elle risque de la perdre si une séparation ou un divorce intervient avant 5 ans de séjour. En cas de violence conjugale notamment, la femme se trouve confrontée à un dilemme impossible: soit elle quitte le domicile conjugal au risque de perdre son droit de séjour, soit elle reste à la merci d’un conjoint violent. Les milieux de défense des femmes ont abondamment dénoncé cet état de fait lors de la procédure de consultation, en vain.

Marie HOURIET