Nouvelle loi sur l’université: privatisation en route, référendum lancé

Nouvelle loi sur l’université: privatisation en route, référendum lancé

Après les réformes des
régies publiques qu’il voulait mener sur le chemin de la
privatisation, les autorités genevoises s’en sont pris
à l’Université qu’elles souhaitent rendre
«plus autonome». Le 13 juin dernier, le Grand Conseil
genevoisa voté, à une majorité écrasante
(une seule opposition), la nouvelle loi sur l’Université.
Cette dernière est préoccupante quant à la
situation des étudiant-e-s, des employé-e-s, du
financement et de la démocratie interne. Un comité
référendaire constitué essentiellement du SSP et
de solidaritéS va tenter de réunir les signatures
nécessaires, d’ici au 4 août. Formulaire
téléchargeable sur www.solidarites.ch et argumentaire du
comité ci-dessous. (met)

Une autonomie en trompe-l’œil

Cette autonomie n’est qu’une façade qui masque un
transfert de dépendance de l’Etat vers
l’économie marchande. Encouragée à
être toujours plus «compétitive» sur le
marché international de l’éducation,
l’Université se voit affublée d’une simple
loi-cadre, réduite au minimum, afin de garantir sa
flexibilité et son adaptation à l’offre et à
la demande.

Plutôt que d’autonomie, il s’agit en fait d’une
indépendance de gestion pour le rectorat de
l’Université. Avec cette nouvelle loi, celle-ci est
désormais dirigée à la manière d’une
entreprise privée par un rectorat fort. Il s’agit
d’une lourde perte de contrôle populaire sur cette
institution. D’un service public, elle devient une entreprise
fournissant des prestations à des étudiant-e-s
désormais considérés comme des client-e-s.

Un premier pas vers la fin de la gratuité des études

Ces «client-e-s» risquent bien de devoir payer le prix
fort, car la nouvelle loi prévoit de supprimer la disposition
légale qui limite actuellement le montant des taxes
universitaires à 500 francs par semestre. Même si elle ne
prévoit pas explicitement un relèvement de ces taxes,
elle prépare la voie à des augmentations futures,
à l’exemple de l’Institut universitaire HEID qui,
bien qu’il soit situé sur sol genevois, a sauvagement
relevé les frais d’inscription à 3000 francs par
année.

Refuser cette loi est donc une étape nécessaire pour
s’opposer à un système d’études
à deux vitesses, favorisant celles et ceux qui ont des moyens
financiers et grèveront le budget des familles genevoises
modestes.

Etatiser les coûts, privatiser les bénéfices

C’est par une «convention d’objectifs»,
manière plus élégante et subtile de
désigner un «contrat de prestations», que la
nouvelle loi prévoit de maintenir un contrôle politique
restreint sur l’institution. […]

Alors que certaines irrégularités de la part de
professeurs ont fait scandale, cette loi régularise en bonne
partie cette situation, en facilitant l’accumulation de gains
accessoires par les professeur-e-s. Les salaires de ces
derniers-ères pourront par ailleurs être
négociés à la hausse lors de l’embauche afin
d’attirer des sommités étrangères, alors que
les salaires actuels sont déjà très attractifs sur
le plan international.

Le texte de loi permet également aux chercheurs-euses de
s’approprier individuellement les profits des recherches et des
créations intellectuelles, en les autorisant à
déposer des brevets sur ces dernières. L’argent des
contribuables genevois servirait alors à enrichir des
chercheurs-euses transformés en entrepreneurs dans une
institution en voie de privatisation.

Liberté académique en danger

Si l’Etat continue de prendre en charge la plus grande partie du
financement de l’Université, la nouvelle loi
l’oblige à rechercher activement des sources de
financement externes.

Aucun garde-fou n’a été prévu pour
empêcher que le recours à ces financements privés
ne se fasse au détriment des formations et des disciplines qui
ne sont pas rentables pour les marchés. Cela pourrait
entraîner la disparition à terme de certaines
d’entre elles, mettant en danger la diversité des
connaissances qui constitue pourtant la richesse de
l’Université.

De plus, le risque est réel de voir se multiplier les cas de
recherches orientées, voire faussées, pour le compte des
financeurs, notamment en médecine, comme cela a
déjà été le cas dernièrement
à Genève. Face à l’ampleur des
intérêts en jeu, le «comité
d’éthique et de déontologie» prévu par
la nouvelle loi semble bien dérisoire.

Flexibilité et précarité: le statut du personnel revu à la baisse

Le personnel administratif et technique va voir son statut de
fonctionnaire mis à mal. Le corps intermédiaire, quant
à lui, ne jouira plus d’aucun droit et se verra soumis au
seul Code des Obligations, pouvant être engagé et
licencié au gré des «besoins» de
l’institution. 


NON À LA LIQUIDATION DU CENTRE POUR L’IMAGE CONTEMPORAINE (CIC) !

Nous publions ici le texte d’une pétition que nous vous invitons à signer en ligne sur www.sauvons-le-cic.ch site où vous pouvez également la télécharger en PDF. Elle est à renvoyer à la

Commission du personnel et syndicale de Saint-Gervais,
5 r. du Temple
1201 Genève
(fax: 022 908 20 79 / info@sauvons-le-cic.ch)

Le Centre pour l’image contemporaine est menacé de
disparition après plus de 20 ans d’activités
reconnues sur le plan international. Dédiée à
l’image en mouvement, cette institution unique en Suisse par la
multiplicité de ses missions (diffusion, production et
collection) est sacrifiée pour être
démantelée et fusionnée au sein des deux
institutions installées au Bâtiment d’art
contemporain, le Mamco et le Centre d’Art Contemporain.


Aucune raison objective n’explique cette liquidation !

En matière culturelle, toute fusion est un appauvrissement…

Nous nous opposons à la décision du Conseil de fondation
(CF) de St-Gervais Genève qui a voté le 17 mai 2008 le
démantèlement du CIC. En transférant sa collection
d’oeuvres vidéos au MAMCO sous l’égide de la
Ville de Genève et en confiant, sous l’égide
d’un commissaire indépendant, l’organisation des
biennales au Centre d’art contemporain (CAC), le Conseil de
fondation décide formellement de la disparition du CIC
qu’il est censé défendre.

Le CF n’a pas tenu compte des recommandations d’un groupe
de travail qu’il avait nommé et faisant état de
l’avis hostile au projet de la grande majorité des
personnes auditionnées.

Aucun projet n’existe de ce transfert annoncé, aucune
garantie de pérennité artistique des biennales et des
expos s’appuyant sur un travail de plus de 20 ans reconnu
internationalement, aucun engagement écrit d’emploi et de
salaire des personnels, aucun échéancier des travaux
nécessaires à la salubrité des nouveaux locaux.
Avec les 300 personnes qui avaient contesté ce projet en 2007,
nous vous appelons à vous opposer à cette décision
du CF de St Gervais soutenue par le Département de la Culture.

Après le CIC, c’est le théâtre St-Gervais qui
serait menacé si nous ne réagissions pas à ce
mauvais coup porté à la Culture à et à la
démocratie à Genève.