Broulis et Brélaz aux JO de Pékin: Dupond et Dupont font du racolage fiscal
Broulis et Brélaz aux JO de Pékin: Dupond et Dupont font du racolage fiscal
Pascal Broulis, président du Conseil dEtat, en tête
et de la Municipalité, avec le syndic Daniel Brélaz en
figure de proue, ont été défendre une noble cause
à Pékin : le maintien du régime de
défiscalisation des fédérations sportives. Le
canton de Vaud accueille en effet 24 sièges de
fédérations internationales et une vingtaine
dorganisations sportives, comme lUEFA, ainsi que le CIO.
Or dinvraisemblables utopistes, comme le responsable des
affaires pénales de ladministration
fédérale des contributions, ont eu le culot
dimaginer que les fédérations sportives
cherchaient avant tout à faire du bénéfice.
Multipliant les démarches et les pressions, les deux Dupondt
vaudois ont contacté tour à tour plusieurs dirigeants de
ces fédérations, le président du CIO, Jacques
Rogge, et Pascal Couchepin, président de la
Confédération. Ce dernier a rassuré tout ce beau
monde, uniquement préoccupé de valeurs purement sportives
comme il se doit: rien ne devrait changer au statut
dutilité publique de leurs petites affaires.
Gros ouf de soulagement du côté des représentants
du Pays de Vaud et de sa capitale. Le syndic de cette dernière
ne manquant pas, cest une habitude, de donner le fin mot de
cette histoire: «Cest la jalousie de personnes qui veulent
instaurer une morale supérieure. Elles nont pas compris
que cet argent bénéficie au sport.» (Le Temps, du
11.8.08). Il est vrai quune quelconque morale, même pas
supérieure, aurait bien du mal à surgir de
lopacité des comptes de ces organismes. Pas plus
quelle ne saurait sourdre du dernier exploit des deux Dupondt,
laccueil de la Fédération internationale de
gymnastique, sise auparavant à Moutier, et que le canton de
Berne voulait imposer. Parler dévasion fiscale
naurait évidemment rien à voir avec tout cela.
Seul lidéal olympique entre en jeu ici.
Brélaz, la morale supérieure et la «Realpolitik»
Après avoir taxé de «moralistes» et de
«calvinistes forcenés» les outrecuidants qui lui
demandent des comptes sur cette défiscalisation ou sur le voyage
des quatre membres de la Municipalité à Pékin,
Daniel Brélaz na pas hésité une seconde
à adopter le point de vue du gouvernement chinois sur le Tibet,
les minorités nationales et les JO, que les défenseurs
des droits de lhomme prendraient «en otage», comme
il se doit. Semmêlant quelque peu les pieds dans la
métaphore, il expliqua ensuite que leurs manifestations
étaient «sans lendemain». Cest donc
dune très brève prise dotage quil
sagit… Notre omniscient syndic possède, mais oui, un
organisme «capable de détecter ce qui le menace». Au
pif, donc, il estime quil ny a pas de pollution à
Pékin, dont les traces, du reste se confondent avec
lhumidité.
Soufflé par le coût («elle a dû coûter
pas loin de 200 millions de francs à elle toute seule») et
lenvergure de la cérémonie douverture, bien
digne dune grande nation, il devient en quelques jours
spécialiste de la mentalité chinoise, quil ne faut
pas «méconnaître». Et pour nous aider, nous
pauvres ignares, à comprendre la Chine, il nous fournit un
exemple clef en main: «Si des gens venaient à
sémouvoir quen Suisse quelques Appenzellois
mangent encore du chien, je suis sûr que tous les Suisses
feraient bloc pour prendre leur défense». Compris, Milou?
Marc Vuilleumier, touriste acritique
Malgré des oppositions manifestes dans le groupe «A Gauche
tout!» (AGT) du Conseil communal, Marc Vuilleumier, municipal
élu sous cette étiquette, avait jugé de son devoir
de chef des sports de se rendre à Pékin.
A propos de ce voyage, et alors que la répression frappait au
Tibet, le groupe AGT avait fait passer, le 24 avril, une
résolution demandant à la Municipalité de Lausanne
dorganiser une exposition sur les violations des droits humains,
des droits syndicaux et sociaux en Chine dans les meilleurs
délais, afin dinformer la population.
On pouvait donc penser que le municipal dAGT se montrerait
très sensible à cette question lors de son séjour,
soucieux aussi de se distinguer de son «Panzersyndic».
Pourtant, amené par surprise par son équipe sur la place
Tiananmen, en compagnie dun journaliste de 24 Heures, il
ne dira rien du massacre de 1989, symbole dune bureaucratie se
retournant contre son propre peuple.
Selon le journal lausannois, pondérant son admiration pour Mao,
qui avait déclaré lindépendance de la Chine
sur cette même place en 1949, il aurait expliqué:
«Ce quon dit sur ce pays est réducteur. Ce que
jai vu ce sont des jeunes, fiers que leur pays organise une
cérémonie douverture aussi belle» ajoutant
quil «admire la grandeur de ce pays, même si je
crois quil ny a pas de socialisme sans
liberté». Pour le reste, la visite de Tiananmen
restera «un grand moment, à linstar de notre
passage sur la Grande Muraille». (24 Heures, 11.08.08). On ne
sait où se niche le socialisme en Chine, mais ce genre de
«bons baisers de Pékin» nest pas très
socialiste, ni très démocratique.