Canton de Vaud : qui profiterait du « paquet fiscal » ?
Canton de Vaud : qui profiterait du « paquet fiscal » ?
La campagne autour du paquet fiscal mis en votation populaire a
démarré par une action originale du comité
référendaire. Ses membres ont effet remis le 14 janvier
à la direction du « Beau-Rivage
Palace » plusieurs valises débordant de (faux)
billets de 100 francs. Ce cadeau était destiné à
la famille Landolt, propriétaire des lieux à travers la
Fondation Sandoz et symbole
de ces ultra-privilégiés que le Conseil dEtat
vaudois entend encore choyer. Le Comité unitaire contre le
paquet fiscal, sans grands moyens financiers, aura fort à faire
pour contrer la propagande conjointe du gouvernement et du Centre
patronal vaudois. Voici donc ses contre-arguments, tirés du
matériel produit par le Syndicat des services publics (ssp Vaud)
Les grands patrons et actionnaires moins de 1 % des
contribuables empocheraient 56 % des baisses fiscales
proposées dans le cadre du « paquet
fiscal ». Comme lindiquait un membre du Parti
socialiste vaudois lors du récent Congrès extraordinaire
de son parti, les dispositions en faveur des familles
« font pâle figure face aux 90 millions
dallégements accordés à quelque 1000
entreprises, soit 90000 francs par tête » (24
heures, 29-30 novembre 2008). Bref, parler dun
« projet équilibré » est une
escroquerie.
La majorité de la population ne gagnerait pas un franc.
54 % des contribuables sont imposés en tant que personnes
seules (Service cantonal de recherche et dinformation
statistiques SCRIS , Numerus, nº 4,
septembre 2008) et ne seraient donc pas concernés.
Seule une petite minorité de contribuables profiterait
des allégements fiscaux pour enfants. En ville de Lausanne, par
exemple, il sagirait dun contribuable sur cinq (SCRIS,
Lausanne déchiffrée, nº 3, novembre 2008). Les
autres nont pas (ou plus) denfants vivant dans leur
ménage. Ils devraient se contenter de la
« déduction pour couples mariés et familles
monoparentales ». Résultat des courses : un
couple marié avec un revenu annuel net de 60 000 francs
réaliserait la formidable économie de 4,60 francs par
semaine !
Ce nest quun pourcentage très réduit
des contribuables qui bénéficierait des trois
allégements fiscaux pour les familles. 13 467 personnes ont
obtenu une déduction pour frais de garde en 2004, ce qui
correspond à 3,5 % des contribuables. Le Conseil
dEtat nindique pas quelle partie dentre eux avait
droit à la déduction maximale (1300 francs). Quoi
quil en soit, tous ne profiteraient pas de la nouvelle
déduction maximale (3500 francs), leurs frais de garde
étant inférieurs à ce montant. Bref, on peut
estimer réalistement que seuls 2 % environ des
contribuables bénéficieraient pleinement des mesures en
faveur des familles !
Des cadeaux que lon paierait cash !
Lentrée en vigueur du « paquet
fiscal » ne serait pas sans conséquence.
Combinée avec la récession à venir, elle se
traduirait par de nouveaux déficits publics :
ces derniers justifieraient alors la diminution des subsides
pour les primes maladie, la baisse des bourses détudes,
la réduction des montants octroyés aux personnes à
laide sociale, etc.
Les déficits se traduiraient aussi par des suppressions
demplois en nombre dans les secteurs public et parapublic,
diminuant dautant les débouchés pour les jeunes
sortant de formation, et ce, au moment où le taux de
chômage repart à la hausse !
Ils justifieraient de nouvelles attaques contre les conditions
de travail du personnel des écoles, des hôpitaux, des
services sociaux, etc. Ce nest pas pour rien que le gouvernement
veut baisser le niveau des salaires dune partie du personnel de
lEtat : les cadeaux aux grands patrons et actionnaires ne
sont pas gratuits !
De nouvelles coupes dans les services publics seraient à
craindre. Au menu : des classes décole de plus en
plus bondées, le démantèlement
dhôpitaux régionaux, lallongement des listes
dattente en chirurgie, des urgences encore plus
encombrées, la diminution des prestations dans les EMS, etc.
Enfin, des communes, confrontées à la baisse de
leurs rentrées, seraient obligées de réduire leurs
prestations et/ou de relever leur taux dimposition.
Bref, si le « paquet fiscal » passait la
rampe, la grande majorité de la population en paierait le prix.
Face à cette perspective, les baisses dimpôts pour
une partie, très limitée, des contribuables ne
pèseraient pas lourd !
Dautres mesures seraient nécessaires !
Pour soutenir véritablement les familles, dautres mesures seraient nécessaires, entre autres :
Laugmentation des allocations familiales, qui, dans le
canton de Vaud, sont parmi les plus basses de toute la Suisse.
Le développement des places en crèches et
garderies et de laccueil parascolaire. Le retard à
combler en la matière est énorme :
daprès la Fondation pour laccueil de jour des
enfants, le taux de couverture des besoins ne sera que de 15,3 %
en moyenne au plan cantonal en 2011 (Le Courrier, 5 décembre
2008).
La hausse des subsides pour les primes dassurance
maladie. Là aussi, le canton de Vaud est à la
traîne : le taux de personnes qui
bénéficient de subsides est nettement au-dessous de
la moyenne nationale : 21,2 % contre 28,8 %
(Bilan, nº 258, 8 octobre 2008).
Un mensonge après lautre
[Les partisans du projet] essaient daccréditer
lidée quune bonne partie des mesures soumises au
vote serait imposée par le droit fédéral. Or, sur
les 163 millions de francs de baisses fiscales prévues, seuls
2,3 millions (1,4 % du total) découlent dune
obligation légale !
Ils produisent à tort et à travers, y compris dans
la brochure officielle (page 6), un tableau sur les
« baisses fiscales pour les familles ». Or,
ce tableau ne concerne, au mieux, que 1 % des
contribuables : ceux qui ont deux enfants de moins de 12 ans et
qui ont des dépenses annuelles de 7000 francs pour frais de
garde. Tous les autres 99 % des contribuables !
ne seraient pas concernés par de telles baisses.
Ils prétendent que le « paquet
fiscal » soutiendrait lemploi. Une fois de plus,
cela ne tient pas la route. La plupart des entreprises
sattendent à une baisse de leurs débouchés.
Pourquoi devraient-elles alors embaucher ? De même, les
cadeaux aux grands patrons et actionnaires ne stimuleraient
guère la consommation, et donc lemploi : ils
iraient à lépargne et à la finance.