Grévistes de la Providence: notre soutien est total

Grévistes de la Providence: notre soutien est total : Déjà 70 jours grève pour le maintien de la CCT 21 et de l'emploi

Calomniés, dénigrés, méprisés, insultés sur les blogs des journaux, les grévistes font preuve d’un courage exceptionnel. Malgré les fortes pressions de toutes parts, comme de la direction de La Providence, du Conseil d’Etat et de la droite du parlement qui tous les enjoignent à reprendre le travail, les grévistes ne cèdent pas. 

Jeudi 31 janvier, leur employeur les a convoqués à tour de rôle, leur annonçant qu’ils et elles seraient (probablement) licenciés si cette grève continuait au-delà du 31 janvier. Une épreuve terrible, mais que les grévistes ont affrontée la tête haute. Chacun·e a expliqué à sa manière à son directeur que cette grève continue pour assurer des soins de qualité aux personnes malades, ce qui est impensable sans le maintien des postes et de bonnes conditions de travail.

 

Le Conseil d’Etat porte une lourde responsabilité

Après avoir cherché durant des mois comment forcer la fondation de La Providence – quitte à la couler – à rejoindre les hôpitaux neuchâtelois autonomisés, le Conseil d’Etat, aujourd’hui critiqué par toute la gauche au parlement, offre au groupe Genolier, sans contrepartie, mais pour un temps limité, les missions hospitalières et les subsides qui les accompagnent. Espérant « rapatrier » ces missions dans HNe d’ici 4 ans, mais aussi prêt à brader la CCT 21 dès maintenant à l’Hôpital de La Providence, le Conseil d’Etat se montre incapable d’aider à résoudre le conflit.  

 

Genolier: des drôles d’oiseaux

Après avoir été au cœur d’OPA et autres opérations financières, l’entreprise se retrouve aujourd’hui chapeautée par la holding Aevis dont l’administrateur délégué Antoine Hubert issu de la distribution en ameublement et de l’immobilier, brasseur d’affaires, se répand abondamment dans les médias sur sa volonté de faire la loi dans les hôpitaux suisses. A l’heure où nous écrivons, rien ne dit qu’ils rachèteront vraiment La Providence, et que tout cela n’est pas que de l’esbroufe dont Antoine Hubert est spécialiste, dans le but de faire de l’argent, quitte à déstabiliser la santé publique. Peu à peu, Genolier se dévoile : non seulement il refuse les contraintes de la CCT 21, mais il n’achètera pas cet hôpital sans des garanties de l’Etat au-delà de 4 ans. La fondation, propriétaire de La Providence, s’est jetée bien imprudemment dans les griffes de financiers dont elle n’a peut-être pas mesuré exactement la voracité. 

 

Les contradictions apparaissent au grand jour

Le conflit a mis en pleine lumière les contradictions de la politique hospitalière du canton, cause principale du problème. Personne, aujourd’hui, ne met en doute la qualité des soins qui ont été fournis à La Providence et son utilité incontestable dans le paysage hospitalier neuchâtelois. Les grévistes ont fait émerger une question de fond : voulons-nous une politique de santé publique qui garantisse des soins de proximité et de qualité, basée sur les compétences du personnel, ou le canton va-t-il continuer à s’enfoncer dans la logique de la concurrence sous la pression et pour le plus grand bénéfice des assurances et des acteurs privés ?

Est-il encore temps d’arrêter la machine folle et de remettre au centre de la politique de la santé les malades et les soignants ? Les grévistes donnent une ultime chance aux autorités neuchâteloises de saisir cette voie, ce que malheureusement ne veulent voir, pour l’heure, ni La Providence, qui menace de prononcer des licenciements illégaux, ni le Conseil d’Etat, qui ferme les yeux en espérant des jours meilleurs. 

 

En dernier recours, c’est pourtant le gouvernement qui détient les clés de la solution. Il faudrait en effet :

• sans attendre, remettre La Providence et les syndicats autour de la table pour voir comment sortir de l’ornière, en acceptant d’appliquer la CCT 21comme par le passé et en renonçant à la vente de cet hôpital à des financiers qui n’ont en tête que leur intérêt;

• inscrire dans la Loi de la santé, comme le demande toute la gauche, l’obligation de respecter la CCT 21 dans tout établissement bénéficiant des subsides de l’Etat;

• supprimer dans le secteur de la santé toute forme d’autonomisation, et donc changer les lois qui régissent la santé (hôpitaux neuchâtelois, psychiatrie et soins à domicile) et assumer pleinement la santé comme un service public.

HVu