Incitation au plagiat par négligence

Après plus de 1000 heures de travail « d’experts », le canton innove juridiquement (encore une fois) en en imputant le concept inédit de « plagiat par négligence » à un professeur d’économie « soupçonné » d’avoir utilisé des sources sans les citer dans un livre de propagande libérale « La Suisse qui gagne ». Finalement, c’est une question de potentiel conflit d’intérêts non déclarés qui amènera le Conseil d’Etat à suspendre provisoirement le professeur impliqué dans ce scandale.

Le système académique de recherche fonctionne dans un continuum de révolutions, de stagnations ou de retour en arrière qui s’inscrivent dans une histoire et si ce n’est une critique tout au moins une synthèse des travaux préexistants. Il est alors évident que citer ses propres sources est une exigence nécessaire pour toute démarche scientifique de qualité.

Pour un·e étudiant·e tricheur ou négligeant qui plagie, pas de pardon possible, c’est l’échec définitif et l’exclusion de toutes les facultés suisses dans cette branche ainsi sanctionnée. Cette inégalité de traitement est insultant pour les étu­diant·e·s et discrédite l’ensemble de la communauté académique neuchâteloise. Heureusement pour les sciences, chaque étu­diant·e ne bénéficie pas d’un droit des profes­­seur·e·s hérité de l’Ancien régime ou d’affinités politiques ou personnelles salvatrices.

La faculté des sciences économiques (FSE) n’est plus fiable, les inscriptions sont en baisse et la crédibilité de l’institution en chute libre. Une solution honorable pour le canton pourrait être sa fermeture qui permettrait de renforcer le très réputé pôle statistique en le transférant à l’Institut de mathématique et parallèlement de valoriser la formation de la Haute Ecole de Gestion en y regroupant les enseignements de ressources humaines, économie d’entreprise, management, etc. La macroéconomie et l’économie politique sont des disciplines académiques qu’il faudrait alors étudier ailleurs.

La Conseillère d’Etat PS en charge, Mme Maire-Hefti, devrait agir vite avant que toute l’Unine n’en souffre irrémédiablement. La démission récente du vice-recteur issu de la FSE est un signal alarmant du mode de fonctionnement du rectorat et des instances de surveillance. Cette histoire salit les cher­cheurs·euses et étu­diant·e·s qui s’appliquent aux longues relectures fastidieuses et nécessaires à toutes publications scientifiques.

 

Dimitri Paratte