Elections cantonales: au-delà de la «mornitude »

Elections cantonales: au-delà de la «mornitude »

Bien sûr, le consens mou
caractéristique de la politique vaudoise est toujours là.
Les candidat-e-s du Parti radical proclament «Le canton, on y
croit», ce qui ne mange pas de pain. L’UDC fait dans le
chauvinisme creux en affirmant, la larme à l’œil et
la fanfare militaire en fond sonore, «Vaudois, un nouveau jour se
lève». Le libéral fait, lui, dans l’audace
sociobiologique, en expliquant qu’«Etre libéral,
c’est dans ma nature». A moins qu’il ne
s’agisse d’une justification en forme
d’excuse… Le Parti socialiste rêve, avec
d’autres à gauche, d’un changement de
majorité et Pierre-Yves Maillard mobilise: «Profitons de
notre élan pour aller plus loin». Bref, ça
ronronne. A quelques détails près.

Il y a évidemment les classiques de la campagne: Philippe Leuba,
le candidat libéral au Conseil d’Etat, protestant de sa
fibre sociale, avec ricanements garantis dans le public. La radicale
Jacqueline de Quattro, dans son remake de Margareth Thatcher, avec le
professeur Stéphane Garelli comme souffleur: elle ferait fait
presque apparaître l’UDC Jean-Claude Mermoud comme un
centriste — et peut-être est-ce là sa
véritable contribution. Le socialiste Pierre-Yves Maillard,
revendique lui, haut et fort, la contribution de la gauche à la
politique de rigueur et d’austérité du canton. Au
nom, sans doute, du célèbre sens de l’Etat et des
responsabilités de ceux que le gauchisme n’a pas
définitivement pervertis.

Et puis il y a aussi les éléments plus positifs. Le fait
que, par exemple, la campagne d’A Gauche toute! ait réussi
à installer dans le débat politique ses revendications
sur le salaire minimum et les transports publics gratuits.

Et même si la droite, sous l’appellation non
contrôlée de «centre droite», fait profil bas
pour ne pas provoquer le basculement à gauche annoncé,
d’autres éléments, extra-électoraux, se sont
invités dans la campagne pour rappeler la réalité
des faits.

Excédent du budget cantonal: le retour 2

Le canton de Vaud avait renoué avec les chiffres noirs
dès 2005. L’excédent officiel était alors de
50 millions de francs. En réalité, il était quatre
fois supérieur, l’Etat ayant procédé juste
avant le bouclement des comptes à une série
d’amortissements extraordinaires, dont l’ampleur (150
millions) a même fait réagir le Contrôle cantonal
des finances.

D’après le quotidien 24 Heures du 17-18 février,
les comptes 2006, qui prévoyaient un déficit de 54
millions, pourraient boucler avec un bénéfice de 300
à 400 millions: «ces chiffres bruts […] circulent
avec insistance dans divers cercles de l’administration».

Cette nouvelle donne rend pour le moins ridicules les prévisions
financières à la base du budget 2007 et hautement
suspectes toutes celles faites par Pascal Broulis, le chef radical du
Département des finances. Surtout, elle sape les justifications
mêmes de la politique d’austérité
fièrement suivie jusqu’alors. Si en septembre 2006, le
Conseil d’Etat pouvait se flatter de contenir, dans son projet de
budget, la croissance des charges (0,97 %) en dessous de celle du PIB
(1,5 %), on voit bien qu’il lui sera difficile de maintenir que
«l’augmentation des enveloppes budgétaires des
secteurs santé-social et formation reste limitée à
0,25 %, conformément à la planification
financière». La droite est donc d’un mutisme rare
sur cette question. Et la gauche institutionnelle se demande si
peut-être il n’y avait pas un dindon et une farce dans
cette histoire. Silence radio de ce côté aussi donc. Le
moment est donc bienvenu de rappeler ce que notre mouvement propose sur
ce point, dans son tract électoral:

«Dans ces circonstances,
solidaritéS se battra, à travers ses élus-e-s au
Grand Conseil, mais aussi en mobilisant dans les syndicats, dans les
associations et dans la rue, pour les mesures suivantes:



  • arrêt immédiat de la politique
    d’austérité et pour une politique de rattrapage du
    canton en matière de dépenses sociales, de formation, de
    santé, d’écologie et d’égalité
    entre hommes et femmes;
  • levée du secret bancaire et lutte décidée contre la fraude fiscale;
  • réforme complète de l’impôt cantonal sur le revenu et la fortune, en:
  • baissant considérablement les taux d’imposition pour les petits revenus;
  • accroissant les taux à partir des hauts revenus et en
    supprimant le plafonnement; supprimant l’impôt forfaitaire
    pour les personnes fortunées étrangères;
  • rétablissant les taux de 1995 pour l’imposition des bénéfices des entreprises;
  • introduisant un impôt frappant lourdement les sociétés rentables qui licencient.
  • Introduction d’un taux unique d’impôt communal
    dans le canton afin d’éviter l’évasion
    fiscale.»
Daniel Süri


Le Service des automobiles en voie de privatisation

L’idée vient d’un député
écologiste, garagiste (!) de son état. Pour
répondre au fonctionnement, il est vrai chaotique, du Service
des automobiles, il lui a semblé nécessaire
d’autonomiser ce service. La droite a tout de suite flairé
le bon coup, ravie de pouvoir ainsi se débarrasser, en le
privatisant, d’un service dont elle a sciemment laissé se
dégrader la situation. Dirigé par un Goldorak
croisé avec un «new public manager»
incompétent, le Service des automobiles (SAN) de la
Blécherette a été le lieu d’une
manifestation de son personnel, organisée par le syndicat SUD le
19 février. Près d’une centaine de manifestant-e-s
ont protesté contre cette privatisation rampante du SAN et
exigé la démission de deux de ses responsables. Le
débat parlementaire devrait se poursuivre après les
vacances de sport. Si la droite va jusqu’au bout de ses
intentions, le référendum sera lancé par la gauche
et les syndicats.

(ds)