Elections municipales Déplacement de la représentation politique à droite!


Elections municipales
Déplacement de la représentation politique à droite!

On se souvient qu’aux élections cantonales de
l’année dernière, les forces issues de
l’Alliance de gauche ayant présenté deux listes
séparées, aucune d’elles n’avait obtenu le
quorum de 7%. Cette fois-ci, les mêmes composantes, plus le petit
groupe des Communistes, se présentaient ensemble sous le label
«A Gauche Toute!». Les résultats sont franchement
décevants! D’abord, les électeurstrices genevois
n’ont été qu 36.1% à prendre part au
scrutin, soit 4% de moins qu’aux dernières
élections municipales. Quant aux étrangers-ères
résidant depuis plus de 8 ans, qui pouvaient élire des
représentant-e-s pour la première fois, ils n’ont
été
que 25% à user de ce droit.

En Ville de Genève, A Gauche Toute! n’obtient que 11.7%
des voix, soit 10 sièges. La répartition est la suivante:
5 élu-e-s de solidaritéS, 2 du PdT, 2 des
Indépendants et 1 des Communistes. Aux précédentes
élections municipales, il y a 4 ans, l’ex-AdG était
partie avec 2 listes distinctes, l’une du Parti du Travail,
l’autre de solidaritéS et des Indépendants, mais
ces listes avaient recueilli ensemble 19.0% des suffrages (7.3% pour le
PdT et 11.7% pour solidaritéS et les Indépendants), ce
qui s’était traduit par 15 postes de
conseillers-ères municipaux. Si l’on fait cette
comparaison, les forces qui se situent à la gauche du PS ont
donc perdu 7.3% et un tiers de leurs sièges.

En même temps…d’autres partis ont progressé.
En Ville de Genève, les radicaux et le parti
démocratechrétien ont augmenté chacun leur
représentation de 3 sièges, les socialistes ont
gagné 2 sièges supplémentaires, ce qui les place
largement en tête des partis représentés au
Municipal, et les Verts 1. L’UDC maintient sa présence
avec 9 sièges, les libéraux ont payé leurs
divisions internes par un recul de 4 sièges, ce qui leur laisse
11 conseillers-ères municipaux. L’Alternative (nom
donné par les médias à la gauche et aux verts)
conserve une courte majorité en sièges (42 contre 38),
bien qu’elle soit en réalité
légèrement minoritaire en voix. Le Mouvement des Citoyens
Genevois (droite populiste) n’a pas atteint le quorum, mais a
tout de même recueilli 5.7% des suffrages.

Communes suburbaines: le déclin se confirme

A Gauche Toute! ne sera pas représenté à Lancy,
alors que durant la législature 2003-2007, solidaritéS et
les Indépendants y avait 3 conseillers-ères municipaux. A
Vernier il n’y a plus que 3 élu-e-s à la gauche du
PS, contre 5 jusqu’à présent. La
représentation d’AGT à Meyrin diminue aussi par
rapport à l’ex- AdG, seuls 2 candidats sont élus,
alors qu’il y en avait 4. Enfin, en Ville de Carouge, AGT
conserve ses 5 sièges. Dans les autres communes où AGT
présentait des candidat-e-s, mais sans élu sortant,
aucune liste n’a atteint le quorum. Dans les communes
suburbaines, par ailleurs, les Verts se renforcent, mais ce qui est le
plus inquiétant c’est la percée du MCG à
Onex, Lancy et Vernier, l’UDC gagnant aussi des sièges
dans 5 nouvelles communes, ce qui lui assure une présence dans 7
Conseils municipaux. Le Courrier a raison de souligner que si la Ville
de Genève a plébiscité le centre, les communes
suburbaines ont renforcé l’extrêmedroite.

Pourquoi cet échec d’A Gauche Toute?

Certes, AGT a commencé à se construire à partir du
mois de septembre 2006, ce qui nous a laissé peu de temps pour
roder notre fonctionnement interne et apparaître publiquement. La
population a mis ainsi du temps à faire le lien entre les
anciennes composantes de l’Alliance de Gauche et A Gauche Toute!
Même des journalistes qui suivaient de près la politique
institutionnelle ont peiné à comprendre ces
changements… De surcroît, pourquoi nous étionsnous
séparés en 2005 et repartions-nous ensemble en 2007?
Peut-être aurions-nous dû faire un effort
d’explication plus important? De plus, les grands médias
s’étaient déchaînés contre les
magistrats sortants de l’AdG, en dénigrant
systématiquement leur bilan, dans un contexte où nous ne
disposions plus, depuis octobre 2005, de la tribune du Grand Conseil
pour faire entendre notre voix.

Mais il y a une autre explication de ce mauvais résultat, sans
doute beaucoup plus importante. Nous en étions bien conscients
avant dimanche… Il réside dans la faiblesse des
mouvements sociaux depuis plusieurs années, notamment sur le
plan syndical. N’oublions pas, que depuis le début des
années 90, le mouvement de la fonction publique avait
structuré la résistance aux politiques
néolibérales (et à leurs cautions
sociales-libérales). Son atonie actuelle favorise ainsi de plus
en plus une politique du sauvequi-peut, et donc de «moindre
mal» dans les urnes, qui bénéficie aux socialistes
et aux verts. Dans ces conditions, l’approfondissement de la
crise sociale pousse à accepter les mauvais compromis
(soi-disant au centre), voire à opter pour un vote protestataire
d’extrême-droite… Et ce n’est pas la
généralisation du suffrage par correspondance, qui tend
à indidualiser encore un peu plus l’électeur ou
l’électrice (chacun chez soi!), qui favorise une
démarche plus collective, au moment où les
étrangers-ères établis pouvaient pour la
première fois participer à une élection (sans
être éligibles) dans le canton de Genève.

Marie-Eve Tejedor