La 5e révision de l’AI renforce les inégalités au détriment des femmes
La 5e révision de lAI renforce les inégalités au détriment des femmes
Nous publions ici un communiqué
récent de la Coordination nationale contre la 5e révision
de lAI, qui met en lumière le fait que ce sont les
femmes, notamment des milieux les plus modestes, qui sont comme
toujours les premières victimes de la régression
sociale que constitue cette révision. (pv)
La 5e révision de lAI ne corrige pas les
inégalités de traitement dont sont victimes les femmes,
bien au contraire: elle renforce encore ces inégalités!
Quon en juge:
- «En pratique, les femmes profitent significativement moins
que les hommes des mesures dintégration prévues
dans la loi. Même si la loi prévoit que lors dune
invalidité lintégration professionnelle doit
être primordiale tant pour les hommes que pour les femmes, et
ceci de manière égale, on demande souvent aux femmes une
activité rémunérée professionnelle moins
qualifiée qui nexige pas de réorientation
professionnelle. Parfois on déclare même que lon ne
peut pas demander aux femmes de travailler professionnellement. On veut
juste les renvoyer au foyer cest-à-dire promouvoir
lintégration dans le domaine de travail
domestique»(prise de position de la Conférence suisse des
déléguées à légalité
lors de la préconsultation sur la 5e révision de
lAI). Dès lors, les femmes ne profiteront guère
des mesures dintégration professionnelle de la 5e
révision de lAI. - A lavenir, seules les personnes qui peuvent prouver une
diminution de leur revenu dau minimum 20% à cause de leur
handicap auront droit à des mesures dintégration
professionnelle payées. Ceci signifie notamment pour les femmes
qui ont travaillé dans des segments de bas salaires et qui ne
peuvent plus exercer leur métier quelles nauront,
à cause de cette clause de 20%, pas droit à une
réorientation professionnelle payée par lAI. - La suppression des indemnités journalières
minimales lors de mesures dintégration professionnelle
défavorise les femmes qui ne travaillaient quà
temps partiel avec un bas salaire ou qui navaient pas
dactivité professionnelle. Pour ces raisons, le centre de
contact pour les femmes invalides «Avanti donne» exigeait
lors de la préconsultation que des indemnités
journalières minimales assurant une assise matérielle de
base soient maintenues. - Lorsquune personne invalide reçoit des
indemnités journalières, les allocations pour enfants
seront réduites de 18 à 6 francs par jour. Cette mesure
déconomie touche prioritairement des femmes invalides
mères cheffes de famille. - La suppression de la rente complémentaire touche en grande
majorité des épouses qui soignent leur conjoint invalide
sans rémunération. 62 500 épouses et 18 000
époux sont concernés par cette mesure.
Contrairement à la dernière révision de
lAVS (bonus éducatifs et bonus pour tâches
dassistance), lors des 4eet 5erévisions de lAI
aucune correction pour améliorer légalité
entre femmes et hommes nest proposée. Or, une recherche
sur la situation de vie des invalides en Suisse, menée à
la HES dAarau, a constaté que les femmes invalides sont
discriminées notamment parce quelles ont des salaires peu
élevés, elles travaillent à temps partiel et elles
interrompent leur travail professionnel pour des raisons familiales.
Elles ont donc une protection dassurance moins
élevée lorsque survient un handicap.
Un livre écrit par deux femmes (Knappes Geld ungleich
verteilt, Katerina Baumann et Margareta Lauterburg, Ed. Helbing &
Lichterhahn) et soutenu par le Bureau fédéral de
légalité fait de manière
détaillée la liste des déficits en matière
dégalité dans lassurance invalidité.
Il contenait des propositions concrètes
damélioration pour la 4e révision de lAI
déjà.
Le refus de la 5e révision de lAI le 17 juin donnera
encore une fois une chance au Parlement dintroduire des mesures
pour légalité entre femmes et hommes dans
lassurance invalidité.