Justice et vérité pour la Bosnie-Herzégovine

Justice et vérité pour la Bosnie-Herzégovine


Andrée Michel, sociologue et philosophe française, directrice de recherche au CNRS, féministe et pacifiste, auteure de nombreux ouvrages de référence, continue à militer activement à 80 ans bien sonnés. Infatigablement, elle continue à analyser et à dénoncer les complexes militaro-industriels qui renforcent les violences à l’égard des femmes. Elle fustige particulièrement les hypocrisies meurtrières de la France. Elle a été l’une des premières personnalités à s’engager pour dénoncer le blocus économique envers l’Irak. En pleine guerre d’ex-Yougoslavie, écœurée par la politique française de soutien à la Serbie, elle avait décidé de renvoyer sa carte de citoyenne française et d’émigrer à Sarajevo… Plus raisonnablement, elle s’est résignée à rester en France et à lutter par l’écriture contre «la raison d’Etat» qui entérinait la conquête territoriale et la «purification ethnique».



Son «essai pour rendre intelligible une guerre que beaucoup de Français ont renoncé à comprendre», elle l’a distribué dans la rue, dans les manifestations de femmes et jusqu’au président du Tribunal International de La Haye dont elle a forcé la porte! Andrée Michel avait fait le voyage à Srebrenica pour marquer le 5ème anniversaire du massacre de sa population. Ce territoire est maintenant sous la domination serbe. Elle y a entendu de nombreux témoignages de veuves qui l’ont convaincue d’enquêter sur les agissements du fameux Général Morillon, célébré comme un héros humanitaire et élu député européen. Ses conclusions sont très sévères: Il a préféré sacrifier un peuple et la parole donnée pour se comporter comme un promoteur de la politique française pro-serbe et non comme un représentant de l’ONU. Ses deux essais réunis en un seul volume: «Justice et vérité pour la Bosnie-Herzégovine» viennent de sortir chez l’Harmattan.



De passage à Genève le 8 mars, Andrée Michel rendait hommage aux femmes qui ont oeuvré pour que le Tribunal Pénal International (TPI) soit créé et qui maintenant dirigent la procédure contre Milosevic. Elle rappelait ainsi que le TPI a vraiment été voulu par la volonté populaire citoyenne, les mouvements de solidarité avec la Bosnie, et c’est bien pourquoi sa légitimité est contestée.



Maryelle Budry

Ouvrages d’Andrée Michel

  • «Femmes.Sexisme.Société», PUF, 1977
  • «Vaincre le sexisme dans les manuels scolaires», UNESCO, 1986
  • «La militarisation et les violences à l’égard des femmes», repris des Nouvelles Questions féministes, GSSA, 1988
  • «Le Féminisme», collection Que sais-je ? PUF, 2001 (7ème édition)