Elections fédéralesEntretien avec Naima Topkiran
Elections fédérales
Entretien avec Naima Topkiran
La majorité dA Gauche
toute! a estimé que la présentation de deux listes
distinctes POP et solidaritéS, sous-apparentées comme il
y a quatre ans, permettrait de ratisser plus large et donc de garantir
la conservation des deux sièges détenus au Conseil
national. La présentation des dix-huits candidat-e-s de
solidaritéS (dont une majorité de femmes et nombre de
jeunes) saccompagne dune double candidature au Conseil
des Etats: celle de Jean-Michel Dolivo et, plus inattendue, de Naima
Topkiran, étudiante dorigine kurde. Nous nous sommes
brièvement entretenus avec cette dernière.
Lors de la présentation à la presse des candidatures
au Conseil des Etats, ta présence a créé la
surprise, puisque tu ne fais pas partie des figures médiatiques
dA Gauche toute! Quest-ce qui ta poussé
à cet acte politique?
Il y a différentes raisons pour expliquer cette candidature.
Jai toujours suivi lactualité politique en Suisse
et aujourdhui, je suis arrivée à un point
où je me sens révoltée et même vexée
par les initiatives prises par les différents partis et plus
particulièrement celles de lUDC. On peut donc dire que
ces émotions mont donné la force de me
présenter au Conseil des Etats. Je suis arrivée en Suisse
en 1989 et les conditions de cette époque mont permis de
madapter et de mintégrer. Je pense quil
faut se battre pour que la Suisse donne à tous les jeunes les
mêmes possibilités et conditions afin de vivre au mieux
dans ce pays.
Cette candidature va être loccasion de sensibiliser
lopinion et de tirer la sonnette dalarme afin de montrer
aux gens que la politique blochérienne va trop loin. Il est
temps de casser tous les préjugés et de mettre fin
à la discrimination et la précarité dans laquelle
beaucoup vivent.
Tu es une «seconda», dorigine kurde. Cette
situation a-t-elle influencé ta décision de
tengager aux côtés de
«solidaritéS»?
Oui, évidemment. Je pense que mon expérience en tant que
fille douvriers et de migrants ma donné tous les
outils pour mengager. Il me sera plus facile de pouvoir parler
de mes expériences personnelles et de défendre les droits
des jeunes, des migrants, des femmes et des ouvriers, qui forment mon
entourage. Surtout, je fais moi-même partie de chacune de ces
catégories. Je me suis donc sentie capable de parler des
difficultés que nous pouvons vivre quotidiennement. Je pense que
nombre de mes choix, y compris mes études en sciences sociales,
sont influencées par mes origines.
Jai toujours cherché à comprendre le
fonctionnement de la société helvétique afin de le
conjuguer à ma propre ma culture, que je ne suis même pas
sûre davoir entièrement saisie.
Les buts politiques poursuivis par solidaritéS sont très
proches de mes idées, ce qui ma permis de
mengager, car il me semble que cest à travers ce
mouvement que je pourrai aux mieux parler de la discrimination, de la
précarité et de lexclusion.
Sur quels thèmes seras-tu plus particulièrement présente durant cette campagne électorale?
Afin de sensibiliser la population et de lui offrir un nouveau regard
sur les migrants, jinterviendrai dabord dans le domaine
de la migration et des discriminations. Il y a aussi certains aspects
«oubliés» ou peu abordés que je désire
mettre en avant, tels que la situation des adolescentes et des femmes
migrantes. Il me semble aussi très important de lutter contre
les préjugés. Jaimerais donner à ce pays
une nouvelle image des migrants, de la deuxième
génération et de lislam afin de lutter contre les
nouvelles initiatives absurdes avancées par lUDC. Il y a
certains points dont il me semble important de parler, comme la
naturalisation facilitée et même automatique pour la 2e et
3e génération, la suppression de la
précarité engendrée par les autorisations de
séjour et lexclusion de certaines catégories de la
population.
Les grandes surfaces dans les choux
Par le temps qui courent, les raisons de se réjouir ne sont pas
si nombreuses. On acceptera donc avec plaisir le bol dair frais
offert par les électrices et les électeurs vaudois qui
ont accepté, par près de trois quarts des votant-e-s
(74,23 %), linitiative de la gauche et des syndicats inscrivant
deux jours fériés supplémentaires dans la
Constitution vaudoise. Migros et Coop qui avaient mené une
campagne crétinisante contre linitiative en sont pour
leurs frais. Autre bonne nouvelle: à la mi-juin les
organisations de la gauche politique et syndicale vaudoise ont
déposé, avec plus de 16000 signatures valides (alors
quil en fallait 12000) le référendum contre
lautonomisation/privatisation du Service des automobiles et de
la navigation (SAN). En prévision de la votation
référendaire, le chef, tyrannique et fort
contesté, de ce service vient de se faire virer par ses petits
copains bourgeois. Pas sûr que ce délestage soit suffisant
pour faire remonter la mongolfière de la privatisation. (ds)